L’antigène HLA-G appartient au complexe majeur d’histocompatibilité, un ensemble de protéines exprimées à la surface des cellules et constituant les marqueurs du "soi". Grâce à leur présence, le système immunitaire d’un individu ne s’attaque pas aux cellules de son propre organisme. En situation normale, HLA-G n’est présent que sur les cellules du placenta1 : il empêche l’organisme de la mère de rejeter le fœtus. HLA-G est également souvent exprimé dans les cancers, que ce soit fixé à la surface des cellules tumorales ou excrété sous forme soluble. Sa présence et sa concentration plasmatique sont d’ailleurs liées à un mauvais pronostic2. L’hypothèse de son rôle de protecteur de la tumeur contre le système immunitaire a été confortée par de multiples tests in vitro mais non démontrée in vivo. C’est ce à quoi s’est attelée une équipe du CEA-IMETI.
Principal obstacle à surmonter : il n’existe pas d’équivalent de HLA-G chez les rongeurs utilisés comme modèles pour le cancer. Les cellules immunitaires de ces animaux possèdent cependant des récepteurs capables d’interagir avec le HLA-G humain, ce qui induit un effet immunosuppresseur chez les rongeurs. Les chercheurs ont donc créé des cellules tumorales exprimant (ou non) HLA-G sous sa forme soluble puis les ont injectées à des rongeurs. L’organisme de ces derniers a fini par rejeter les tumeurs induites par des cellules dépourvues de HLA-G, alors que celles excrétant du HLA-G soluble se sont développées. Dans ce dernier cas, une inhibition de la réponse immunitaire antitumorale a bien été observée. L’équipe du CEA-IMETI confirme ainsi in vivo le rôle immunoprotecteur du HLA-G soluble pour les cancers. Elle a récemment obtenu un résultat similaire avec la forme fixe de l’antigène. HLA-G constitue donc une cible potentielle pour de nouvelles formes de thérapie anticancéreuse, telles que l’utilisation d’anticorps monoclonaux dirigés contre lui.
- Ainsi que dans la cornée et le thymus
- Glioblastome : HLA-G comme outil de pronostic et peut-être davantage