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Pourquoi les algues rouges n’ont pas colonisé la terre ferme


Le premier séquençage du génome d’une algue rouge vient d’être réalisé par une collaboration internationale impliquant notamment des chercheurs du CEA-IG. Le génome de Chondrus crispus, connu aussi sous le nom breton de pioka, s’est révélé être petit et compact pour un organisme multicellulaire. Le nombre réduit de gènes pourrait expliquer pourquoi, à la différence des algues vertes dont descendent toutes les plantes terrestres, elles n’ont jamais colonisé la terre ferme. ​

Publié le 12 mars 2013

Chondrus crispus est une algue rouge multicellulaire très commune sur les côtes rocheuses de l’Atlantique Nord, qui contribue à la production primaire de ces écosystèmes côtiers. De nos jours, certaines algues rouges sont utilisées par l’industrie agro-alimentaire pour les propriétés épaississantes des carraghénanes présents dans leur paroi. Ces polysaccharides sulfatés correspondent à l’additif E-407 qui entre dans la composition de nombreux desserts et entremets. Mais au-delà de son intérêt industriel, le premier séquençage du génome d’une macroalgue rouge apporte de nouveaux éclairages sur la compréhension de l’évolution des végétaux.

L’étude du génome de Chondrus a réservé des surprises aux chercheurs. Avec seulement 9 606 gènes et 105 millions de paires de bases, il est en effet de petite taille pour un organisme multicellulaire. A titre de comparaison, on dénombre 14 516 gènes chez l’algue verte unicellulaire Chlamydomonas reinhardtii. Chondrus présente par ailleurs un génome compact, dans lequel chaque fonction correspond généralement à un seul gène.

Pour expliquer ces surprenantes caractéristiques, les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’à un moment de leur histoire évolutive, il y a plus d’un milliard d’années, les algues rouges ont subi, du fait de conditions environnementales extrêmes, une perte massive de matériel génétique. Ce phénomène évolutif aurait alors eu de nombreuses conséquences. L’un des exemples pourrait être la perte chez les algues rouges, contrairement à la plupart des autres organismes, de gènes du système flagellaire, système qui assure la mobilité de certaines cellules (comme celle des gamètes lors de la reproduction sexuée chez la plupart des organismes, y compris l’homme). Sans cette perte massive de gènes, les algues rouges auraient peut-être colonisé largement le milieu terrestre de la même façon que les algues vertes, ancêtres de toutes les plantes terrestres. Mais cet événement, véritable goulot d’étranglement évolutif, a privé les algues rouges de la plasticité et du potentiel génétique nécessaire pour s’adapter à la vie sur terre.

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