Au cours des dernières décennies une hausse significative de pathologies de reproduction féminine a été rapportée dont l'origine commune semble être l'exposition à de nombreux polluants présents dans notre environnement. Le Bisphénol A (BPA), un plastifiant largement utilisé dans notre quotidien, a été le premier à être identifié comme pouvant altérer l'ovogenèse et conduire à la formation d'ovocytes possédant un nombre anormal de chromosomes (aneuploïdes), cause majeure des fausses couches et des difficultés à concevoir. Cependant, les mécanismes induits par le BPA et responsables de ces effets délétères restent à ce jour mal compris. D'autre part, la restriction de l'utilisation du BPA dans de nombreux conditionnements a conduit à l'emploi de nombreux substituts du BPA dont la toxicité sur l'ovocyte n'est pas encore caractérisée.
Ainsi, des chercheurs du Laboratoire de Développement des Gonades (iRCM) ont souhaité évaluer deux bisphénols, le bisphénol A Diglycidyl Ether (BADGE) et le bisphénol AF (BPAF), dont l'utilisation émergente soulève des inquiétudes en matière de santé reproductive. Dans leur étude publiée dans le journal Environmental Pollution réalisée dans le modèle murin, ils ont montré que l'exposition fœtale au BADGE ou au BPAF à des concentrations environnementales conduit à l'âge adulte, aux mêmes défauts ovocytaires que ceux observés avec le BPA.
L'utilisation de modèles génétiques et chimiques a permis de proposer que les effets délétères des bisphénols sur l'ovocyte adulte découlent de l'induction de lésions oxydatives de l'ADN à un moment clé de la différenciation des cellules germinales pendant la vie fœtale. L'induction de telles lésions peut altérer la mise en place du programme méiotique (programme qui conduit à la formation des gamètes, ovocytes & spermatozoïdes). Ces lésions peuvent perturber le bon déroulement de la méiose et conduire in fine à une mauvaise ségrégation des chromosomes en métaphase méiotique. Cette ségrégation imparfaite est la cause de l'aneuploïdie ovocytaire.
Ainsi, ces travaux ont mis en évidence que d'autres substituts du BPA peuvent altérer la qualité de l'ovocyte et suggèrent que les nombreux polluants ayant une action pro-oxydante peuvent induire ces mêmes défauts.