Connue sous le nom de "maladie méditerranéenne", ou "maladie des globules rouges", la β-thalassémie1 est une anémie héréditaire parfois très grave. Elle est due à une sous-production de la chaîne β de l’hémoglobine et une accumulation de sa chaîne α dans les érythroblastes, cellules qui donnent naissance aux globules rouges. Combinée au déficit en chaîne β, cette accumulation de chaîne α déclenche les symptômes : globules rouges anormaux et de courte durée de vie, anémie, rate et foie hypertrophiés, surcharge en fer… Les mécanismes moléculaires sont encore mal compris, mais plusieurs facteurs de croissance de la famille des TGF-β semblent impliqués.
Or une société britannique, Celgene, a développé contre l’ostéoporose un composé capable de "piéger" un de ces TGF-β avant qu’il puisse se lier à son récepteur naturel. Nommée Sotatercept, cette molécule a entrainé, durant un essai clinique, des effets inattendus sur les niveaux d’hémoglobine et le taux de globule rouge des patients. Pour en savoir plus, Celgene a établi une collaboration avec l’équipe d’Olivier Hermine et Ivan Cruz Moura (Hôpital Necker) qui a sollicité le CEA-IMETI pour son expertise sur les hémoglobines et la β-thalassémie. Dans un premier temps, les chercheurs ont montré, chez des rongeurs modèles de la thalassémie, que le Sotatercept diminue effectivement l’accumulation de chaîne α, améliore la production des globules rouges, corrige l’anémie, diminue le volume de la rate et limite la surcharge en fer. Une série de mesures sur différents marqueurs cellulaires et moléculaires, in vivo comme in vitro, a confirmé ces résultats. Au point qu’un essai clinique de phase II du Sotatercept chez des personnes atteintes de β-thalassémie est aujourd’hui en cours...
- Il existe aussi une forme dite α, beaucoup plus rare