C'est non sans émotion qu'Anne L'Hullier a débuté sa conférence, devant quelque 270 privilégiés venus assister à sa conférence, dont l'Administrateur général du CEA, François Jacq, la directrice de la recherche fondamentale, Anne-Isabelle Etienvre, ainsi qu'un autre lauréat du prix Nobel de physique, en 2022, Alain Aspect. L'émotion était en effet palpable car c'est au CEA, dans un laboratoire de l'Iramis (actuel Lidyl), qu'Anne L'Huillier a initié et conduit ses recherches qui lui ont valu le prix Nobel de physique 2023.
Aussi a-t-elle mentionné ses collègues de l'époque, ceux du « groupe multiphoton » : Gérard Mainfray, Louis-André Lompré, Didier Normand, Jacques Morellec, Guillaume Petite et Pierre Agostini, co-lauréat du même prix Nobel. Leur terrain d'investigation ? Les interactions lumière-matière et la dynamique des électrons dans un atome. Des processus qu'ils ont pu détecter notamment grâce à des impulsions laser d'une durée attoseconde (un milliardième de milliardième de seconde). Une durée désormais célèbre qu'Anne L'Huillier fut la première à observer en 1987 avant que Pierre Agostini ne parvienne à la mesurer en 2001.
Une conférence de plus de 1021 attosecondes !
Après un exposé pédagogique, convoquant de nombreuses allégories musicales, Anne L'Huillier a conclu en présentant les perspectives de cette discipline en plein essor mondial et notamment ses enjeux industriels. Bien que très fondamentale, la physique attoseconde permet par exemple de caractériser les composants électroniques de plus en plus petits des circuits imprimés.
Les étudiants présents n'ont pas manqué de lui poser de nombreuses questions. Il lui fut notamment demandé de s'exprimer sur la liberté de la recherche, liberté qu'Anne L'Huillier a assuré avoir trouvée au CEA à l'époque mais dans une moindre mesure à l'Université de Lund en Suède qu'elle a rejointe en 1995. À la question de savoir si elle avait immédiatement pris conscience de la portée de sa découverte des impulsions attosecondes, elle répondit avec l'humilité qui la caractérise qu'il s'agissait pour elle d'un nouveau champ expérimental à explorer.
À l'issue de son intervention qui a duré une heure (soit 3,6 1021 attosecondes !), Anne L'Huillier fut invitée à visiter les quatre plateformes laser du Lidyl, laboratoire avec lequel elle continue par ailleurs de collaborer. Elle a ensuite rejoint l'université de Paris-Saclay et la cérémonie organisée pour lui remettre le titre de Docteur honoris causa.