Météo-France mesure la quantité de pluie en temps réel au niveau du sol, grâce à son réseau de radars, ainsi que les profils verticaux de vapeur d'eau par radiosondages, deux fois par jour. Au-dessus de trois kilomètres d'altitude, les satellites surveillent des indicateurs de précipitations. Mais entre les deux, il n'existe pas de système d'observation de la vapeur d'eau avec des résolutions temporelle et verticale en adéquation avec les besoins en modélisation.
Afin de mieux anticiper le risque d'inondation lié aux fortes pluies récurrentes en Méditerranée, le projet WaLiNeAs vise à combler cette zone aveugle de manière à compléter les données qui alimentent le modèle de prévision de Météo-France.
La télédétection laser par lidar permet de mesurer la teneur en vapeur d'eau sur une colonne atmosphérique. Les profils de vapeur d'eau auront une très haute résolution verticale, d'environ 150 mètres. Les données seront traitées en temps réel et ensuite introduites avec une périodicité inférieure à l'heure dans le modèle de prévision météorologique AROME de Météo-France. L'objectif, à moyen terme, est d'améliorer la prévision des évènements fortement précipitants afin d'anticiper avec une meilleure précision temporelle et géographique les risques liés à de tels phénomènes météorologiques.
Le choix des sites d'installation des lidars a été arrêté en amont des zones à risques et sur des lieux de passage de masses d'air critiques : à Minorque (Baléares), en Sardaigne, près de Montpellier, sur l'île du Levant (Var) et dans la vallée de l'Aude. Il pourra être ajusté en fonction des premiers tests.
Sur ces cinq sites, une campagne de mesures en continu d'au moins 3 mois est prévue à l'automne 2022, cette saison étant celle des épisodes méditerranéens. Les observations lidar seront transmises en temps réel au centre de prévision de Météo-France. Le nouvel outil d'aide à la décision couplant l'observation lidar et la modélisation sera alors évalué et si le gain attendu est confirmé, l'installation du réseau de lidars sera envisagée de manière pérenne.
Par ailleurs, les lidars sont capables de détecter les aérosols et les poussières désertiques en provenance d'Afrique ou d'Europe occidentale. Ces données, comme les profils verticaux de vapeur d'eau, seront publiés en accès libre sur le centre de données Data Terra afin que d'autres équipes de recherches, étudiant par exemple la pollution méditerranéenne, puissent les exploiter.
La collaboration associe le LSCE, le Centre national de recherches météorologiques (CNRM) et le Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (LATMOS) qui coordonne le projet.