Principale cause de mortalité à long terme après une transplantation pulmonaire, le syndrome de bronchiolite oblitérante (SBO) est la forme la plus courante de rejet chronique. Pour anticiper le rejet de cette greffe, des chercheurs du CEA-Jacob et de l'hôpital Foch se sont intéressés au potentiel de la molécule de tolérance immunitaire HLA-G comme biomarqueur. Les travaux se sont focalisés sur une forme particulière de HLA-G : non pas libre dans le plasma mais affichée à la surface de vésicules extracellulaires (HLA-Gev) qui sont des particules circulantes jouant un rôle important dans la communication intercellulaire en transportant protéines, lipides, et acides nucléiques.
Un dépôt de brevet pour une détection précoce
L'étude a consisté à analyser les niveaux plasmatiques de HLA-Gev chez 78 patients, issus de la cohorte nationale multicentrique COLT, en état stable la première année suivant une transplantation pulmonaire. Parmi eux, 37 ont développé un dysfonctionnement chronique du greffon pulmonaire dans les 3 ans suivant la transplantation. Les résultats montrent qu'à 12 mois post-transplantation, les patients aux faibles niveaux de HLA-Gev présentaient un risque plus élevé de dysfonctionnement chronique du greffon pulmonaire (type SBO) ainsi qu'une survie du greffon réduite à 3 ans.
Un brevet a été déposé sur l'utilisation du dosage sanguin des vésicules extracellulaires HLA-Gev pour la détection précoce des patients à risque de rejet qui permettrait d'adapter leur traitement en conséquence.
Le potentiel thérapeutique des vésicules extracellulaires
« Lors d'une précédente publication nous avions montré, chez des patients en état stable, une expression d'HLA-G dans les cellules bronchiques du greffon. Notre hypothèse est que HLA-Gev proviendrait également de ces cellules. Elle pourrait jouer un rôle actif dans la tolérance du greffon en inhibant la maturation des cellules dendritiques et la réponse des lymphocytes T », indiquent Nathalie Rouas-Freiss et Joel Le Maoult.
Des recherches sont en cours pour valider ces résultats et explorer les mécanismes par lesquels les vésicules extracellulaires portant HLA-G contribuent à la tolérance du greffon pulmonaire. Leur potentiel thérapeutique, sous la forme d'une version modifiée, est également évalué.