Atteindre une température de surface de 50°C dans une zone très peuplée comme Paris aurait des effets dévastateurs. Bien qu'éloigné du record de juillet 2019 affichant 42,6°C dans la capitale, la survenue d'un tel évènement d'ici la fin du siècle n'est plus improbable dans le contexte de l'augmentation continue de la température moyenne globale d'environ déjà + 1,24°C depuis 1850. Raison pour laquelle la Ville de Paris a sollicité des climatologues en vue d'anticiper la probabilité d'une telle vague de chaleur et de connaître les conditions météorologiques associées.
Pour étudier cette demande, les scientifiques se sont basés sur les simulations de la nouvelle génération de modèles climatiques couplés océan-atmosphère, CMIP6, dans le cadre de l'exercice d'intercomparaison de modèles du Giec. Pour contourner les biais de température présents dans ces modèles, ils ont proposé une approche statistique pour ne sélectionner que les plus réalistes autour de l'île de France. Ils ont ainsi identifié des évènements survenant dans le contexte simulé d'une augmentation modérée (entre 2,1 et 2,8°C) de la température moyenne à la surface du globe (GMST).
L'augmentation de la probabilité d'un tel évènement corrélée à celle de la température moyenne à la surface du globe
Les chercheurs se rendent compte que des températures encore supérieures peuvent être obtenues sur une grande partie du territoire français lorsque les 50°C sont dépassés à Paris. Mais il est complexe de déterminer avec précision la probabilité de dépasser ce seuil comme l'explique Pascal Yiou, climatologue du LSCE responsable de cette étude : « Ce type d'évènement extrême est rarement observé plus d'une fois dans chaque simulation. En effet, pour les deux prochaines décennies, la probabilité d'atteindre 50°C à Paris est jugée négligeable si l'augmentation de la GMST est inférieure à 2°C. Elle passe à environ 1% de probabilité dans le cas d'une augmentation de 2,7°C. »
En revanche, si la GMST augmente de plus de 4°C par rapport à la moyenne entre 1950 et 2000, la survenue de tels évènements chauds est bien plus probable.
Des conditions correspondant à l'exacerbation de deux phénomènes climatiques
Les chercheurs ont également analysé les conditions météorologiques issus des modèles atmosphériques qui conduisent aux premières occurrences de ces événements chauds. Leur étude confirme que ces vagues de chaleur correspondent à l'exacerbation de deux phénomènes climatiques naturels :
- El Niño, conséquence d'une perturbation couplée dans les circulations océanique et atmosphérique du Pacifique équatorial avec des répercussions à l'échelle globale ;
- L'oscillation multidécennale Atlantique (AMO), variation lente de la température de surface de la mer qui influence directement le climat européen.
L'approche simple d'exploration des données sur un grand ensemble de simulations pourrait être adaptée à d'autres régions du monde, afin d'aider les décideurs à anticiper et à s'adapter à de tels événements météorologiques dévastateurs. »