Le bilan de carbone mondial annuel quantifie les émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'origine fossile à 36,8 milliards de tonnes en 2023, soit une hausse de 1,1 % par rapport à 2022. Si ces émissions ont diminué dans certaines régions, notamment l'Europe et les États-Unis, elles continuent d'augmenter globalement. En cause, la lenteur de l'action mondiale visant à réduire les combustibles fossiles.
Les émissions de CO2 liées au changement d'usage des terres (comme la déforestation) devraient diminuer légèrement mais elles restent trop élevées pour être compensées par les niveaux actuels de reboisement et de boisement par de nouvelles forêts. Dès lors, ce 18e rapport du Global Carbon Project indique que les émissions mondiales (d'origine fossile et dues au changement d'usage des terres) vont atteindre 40,9 milliards de tonnes en 2023. Une quantité semblable à celle de 2022 qui fait partie d'un « plateau » sur 10 ans, bien loin de la réduction profonde des émissions nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux dont ceux de l'Accord de Paris de 2015. De fait, les scientifiques estiment qu'il y a 50 % de chances que le réchauffement climatique dépasse 1,5°C de manière constante dans environ sept ans. Une estimation sujette à de nombreuses incertitudes dont celles sur le réchauffement climatique induit par d'autres composés que le CO2. « Les dernières données montrent que les progrès ne sont pas suffisamment intenses ou généralisées pour placer les émissions mondiales de CO2 sur une trajectoire descendante vers le net zéro ; mais certaines tendances ont commencé à évoluer favorablement montrant que les politiques climatiques peuvent être efficaces », confie Philippe Ciais, expert du LSCE et membre du Global Carbon Project.
D'autres conclusions du Global Carbon Project 2023
- Les émissions augmenteraient de 8,2 % en Inde et 4 % en Chine tandis qu'elles diminueraient de 7,4 %en Europe et de 3 % aux États-Unis ;
- Les niveaux de CO2 atmosphérique devraient atteindre en moyenne 419,3 parties par million, soit 51 % au-dessus des niveaux préindustriels ;
- Environ la moitié du CO2 émis continue d'être absorbée par les puits de carbone terrestres et océaniques, le reste stagnant dans l'atmosphère où il provoque le changement climatique ;
- Les émissions mondiales provenant des incendies ont été supérieures à la moyenne (basée sur des enregistrements satellite depuis 2003) en raison des évènements extrêmes au Canada dont les émissions étaient six à huit fois supérieures à la moyenne ;
- Les niveaux actuels d'élimination du CO2 par la technologie s'élèvent à environ 0,01 million de tonnes, soit plus d'un million de fois inférieurs aux émissions actuelles.