​Notamment responsable de nombreux cancers de la prostate dans les Antilles françaises, la chlordécone est encore aujourd'hui à l'origine d'une importante pollution de l'environnement. Une précédente étude du CEA-Jacob avait permis de détecter la présence inattendue de produits de transformation de cet insecticide organochloré, utilisé massivement pour lutter contre le charançon du bananier. Mais, faute de méthodes analytiques adaptées, ces produits ne peuvent faire l'objet de suivis systématiques dans l'environnement.

Dans ce contexte, les mêmes chercheurs de Jacob proposent une nouvelle approche en collaboration avec l'Inrae, le Cirad, le BRGM et l'Université de Lorraine. Leur protocole, ainsi que celui de laboratoires de référence, a porté sur une trentaine d'échantillons d'eaux environnementales prélevés en Guadeloupe et en Martinique.

Une méthode sans solvant

Alors que les protocoles de référence utilisent une étape d'extraction liquide-liquide avec des solvants organiques pour séparer les composés de l'eau environnementale, celui des spécialistes du Génoscope repose sur la technique de micro-extraction sur phase solide : « cette technique évite le recours à des solvants, concentre beaucoup l'échantillon et permet d'automatiser tout le processus d'analyse », présente Pierre-Loïc Saaidi, chercheur à Jacob. La méthode développée a ainsi permis de découvrir la présence de plusieurs produits de transformation jusque-là non détectables par les méthodes de routine.

Par ailleurs, cette étude révèle des incohérences entre les analyses des deux laboratoires de référence. Notamment sur les échantillons les plus contaminés où les concentrations en chlordécone apparaissent nettement surestimées dans les résultats de l'un. Cette étude illustre bien l'importance mais également la difficulté d'analyser la chlordécone et ses dérivés afin d'obtenir la vision la plus complète et la plus prédictive de sa pollution.