Comment les chercheurs ont-ils procédé ? Ils ont recueilli des données journalières de consommation de gaz fournies par les pipelines qui distribuent le gaz dans chaque county américain et les ont analysées à l'aide d'un modèle de machine learning pour interpréter les différences géographiques et climatiques.
Selon leur étude, les températures extérieures auxquelles les ménages allument leur chauffage au gaz sont plus élevées dans les bâtiments anciens et dans les villes où le taux de chômage est élevé. De plus, les familles à faibles revenus consomment davantage de gaz pour se chauffer que les autres, ce qui reflète les inégalités en matière d'isolation des logements.
« Nous utilisons des données quotidiennes de consommation de gaz au niveau des counties, combinées aux données du recensement américain et à une vaste base de données sur les types de maisons et les professions, pour comprendre de quelle manière la consommation de gaz des ménages américains est reliée à la température de l'air extérieur, détaille Philippe Ciais, directeur de recherche au LSCE. Nous avons constaté de très grandes différences entre les régions froides et chaudes en hiver, mais aussi un fort impact des types de bâtiments et de leur vétusté, ainsi que de facteurs socio-économiques tels que le taux de chômage et les revenus. »
« L'analyse des données détaillées au niveau d'un county nous a permis de comprendre quel serait l'impact de plans de rénovation ciblés pour mieux isoler les maisons ou de changements de comportement des foyers américains, qui pourraient par exemple retarder légèrement la mise en route de leur chauffage, le temps que la température extérieure baisse d'un degré », explique Rohith Teja Mittakola, chercheur au LSCE.
Ainsi, l'abaissement de la température de consigne des thermostats de 1°C pourrait réduire le niveau actuel de la consommation de gaz aux États-Unis de 25 %, voire de 40 % dans certains counties. Les calculs des chercheurs suggèrent qu'environ 2,5 millions de tonnes d'émissions de CO2 pourraient être évitées en modernisant les bâtiments et en modifiant les comportements pour retarder le chauffage, les améliorations les plus importantes se situant dans les régions du Midwest et de la côte Est.