Le dernier numéro de Fluxes, le bulletin européen de suivi des gaz à effet de serre d'Icos (Integrated Carbon Observation System), vient de sortir. Il met en lumière un outil élaboré par les scientifiques pour aider les décideurs à évaluer les progrès accomplis pour tendre vers un « zéro émission » anthropique : les systèmes de surveillance, déclaration et vérification des flux de carbone MRV (Monitoring Reporting Verification). Cet outil vise précisément trois objectifs :
- améliorer les inventaires d'émissions des villes, pays ou régions (telles que l'UE) ;
- aider à élaborer des politiques de réduction des émissions ;
- intégrer les actions locales, nationales et régionales pour un suivi global de la progression vers le zéro émission.
Améliorer les inventaires d'émissions
Les inventaires nationaux d'émissions de gaz à effet de serre sont fondés sur des données statistiques socio-économiques comme la production d'acier, le nombre et le type de véhicule en circulation, le recensement du bétail ou la quantité de charbon brûlé dans les centrales électriques.
Les dispositifs MRV, quant à eux, utilisent les mesures directes de concentration des gaz dans l'atmosphère, comme celles d'ICOS, conjointement avec des modèles de prédiction et d'inversion. Ils contribuent ainsi à réduire les incertitudes des inventaires. Plusieurs pays, dont la Suisse et le Royaume-Uni, complètent déjà leurs inventaires de gaz à effet de serre par des mesures alimentant un système MRV national. Plus largement, les quelque 180 stations européennes d'observation du réseau ICOS fournissent en temps quasi-réel des données sur les gaz à effet de serre pouvant être utilisées par un système MRV.
Suivre les objectifs de réduction des émissions
L'UE s'est fixé des objectifs ambitieux pour 2040. Une proposition récente de la Commission européenne vise en effet à réduire les émissions nettes de carbone de 90 % par rapport aux niveaux de 1990 et à accroître l'absorption et le stockage du carbone, en particulier dans le secteur de l'usage des sols.
Ces engagements doivent être évalués par des méthodes scientifiques. En fournissant une image de l'état des sols et de la biomasse dans l'UE, les systèmes MRV peuvent aider les décideurs à comprendre et anticiper les implications de politiques affectant les agriculteurs et les forestiers, notamment quand l'usage des terres est détourné d'une production agricole.
À terme, les scientifiques ambitionnent de fournir, en temps quasi-réel et à une échelle de 100 x 100 km2 sur tous les continents, des données sur les gaz à effet de serre. Ainsi l'initiative Global Greenhouse Gas Watch (G3W) rassemblera-t-elle en 2028 un réseau mondial de satellites, de systèmes d'observation tels que ICOS et des capacités de modélisation. En Europe, Copernicus et ICOS contribuent à cet ambitieux projet qui portera à un haut niveau les capacités des systèmes MRV à l'échelle du continent.