Dans le cadre du protocole de Kyoto, les pays s'engagent, en matière d'usage des terres, sur les puits de carbone induits par les seuls effets climatiques directs d'origine humaine. Mais selon le Giec, il est impossible de dissocier effets directs et indirects, ces derniers étant dus au climat et à la teneur atmosphérique en CO2. Ainsi par exemple, dans le secteur lié à l'utilisation des terres, l'augmentation de la teneur atmosphérique en CO2 joue un rôle important dans la productivité végétale et le stockage du carbone par les plantes et les sols.
Les méthodes d'évaluation actuelles, fondées sur les inventaires nationaux des gaz à effet de serre, ne permettent pas de séparer effets directs et indirects. Elles s'appliquent aux terres gérées, un concept introduit par le Giec.
- Or seules les forêts que les pays déclarent gérées, c'est-à-dire sous leur responsabilité, et qui constituent environ 55 % des forêts mondiales, font l'objet d'un rapport.
- Les forêts non gérées sont souvent considérées comme ne relevant pas de la responsabilité du pays où elles se trouvent.
Résultat, il existe une large variété d'approches – modélisation globale, inventaires nationaux, télédétection, etc. – qui adoptent des comptabilités différentes et aboutissent à des estimations divergentes en ce qui concerne les forêts. Celles-ci vont d'un puits de carbone annuel de près de 8 milliards de tonnes de CO2 à une source de plus de 6 milliards de tonnes de CO2 !
Il faut des données précises sur toutes les forêts
Or le Giec estime que, pour rester sous la barre des 2°C de changement climatique à la fin du siècle, le secteur de l'utilisation des terres devrait, chaque année, retirer de l'atmosphère de 8 à 14 milliards de tonnes supplémentaires de CO2. Il donc est impératif de disposer d'estimations précises concernant les forêts.
Des chercheurs du LSCE et leurs partenaires soulignent qu'il est temps que les pays commencent à rendre compte de toutes les terres forestières, qu'elles soient gérées ou non.
Les données et les méthodes nécessaires sont disponibles. Les scientifiques suggèrent que les pays pourraient intégrer dans leurs rapports les meilleures estimations disponibles des émissions et des absorptions provenant des terres non gérées, en s'appuyant sur des données terrestres en libre accès, sur l'observation de la Terre et sur la modélisation des communautés de recherche.
- Dans un premier temps, les estimations des flux de gaz à effet de serre provenant des terres non gérées pourraient être incluses volontairement dans les rapports des pays à des fins d'information.
- Par la suite, elles pourraient être prises en compte dans la comptabilité officielle pour les objectifs climatiques.
Cette démarche inciterait à inclure les forêts non gérées riches en carbone qui sont vulnérables au changement climatique et aux activités humaines.
Les climatologues proposent de favoriser une approche bilatérale où les pays industrialisés pourraient apporter leur soutien et leur expertise aux pays en développement dans le domaine de l'analyse du carbone forestier.