La biomasse et le couvert forestiers peuvent être dégradés par :
- le morcèlement de la forêt,
- les incendies,
- l'abattage sélectif d'arbres,
- des événements climatiques extrêmes.
Ces dégradations modifient le bilan carbone des forêts, ce qui entraîne un réchauffement global, via les émissions de CO2 dans l'atmosphère. De plus, elles affectent certaines propriétés du bilan d'énergie des forêts, comme la capacité à absorber la lumière, la rugosité ou l'évapotranspiration, ce qui réchauffe également le climat, par des effets biophysiques, cette fois.
Ces mécanismes sont mal compris dans le cas des forêts tropicales humides et, en particulier, les effets biophysiques des dégradations forestières ont été négligés.
Les chercheurs du LSCE et leurs partenaires ont analysé ces effets, à partir d'observations satellitaires à haute résolution.
Ils ont d'abord cartographié les forêts tropicales humides dégradées dans trois grandes régions tropicales (Amérique, Afrique, Asie), en distinguant :
- les forêts brûlées,
- les parcelles forestières isolées,
- les forêts de lisière,
- les autres forêts dégradées.
Ils ont analysé les effets biophysiques et biogéochimiques dus à la dégradation des forêts tropicales humides et ont quantifié la contribution anthropique à ces effets entre 1990 et 2010.
- 24,1 % des forêts tropicales humides étaient dégradées en 2010.
- La température dans les forêts humides dégradées était supérieure de 0,78 ± 0,88 °C à celle des forêts adjacentes et intactes.
- Les effets biophysiques des dégradations forestières ont entraîné un réchauffement de 0,022 ± 0,014 °C dans les tropiques.
- Le déficit cumulé en carbone des forêts dégradées a atteint 6,1 ± 2,0 milliards de tonnes de carbone, ce qui équivaut à un réchauffement d'origine biogéochimique de 0,026 ± 0,013 °C dans les tropiques.
Ainsi, les effets biophysiques et biogéochimiques des dégradations des forêts tropicales humides ont des amplitudes comparables qu'il est nécessaire de prendre en compte.
La contribution anthropique à ces dégradations, entre 1990 et 2010, est associée à une élévation de la température diurne de 0,018 ± 0,008 °C et à un déficit de carbone de 2,3 ± 0,8 milliards de tonnes de carbone.