Reliant l'Europe du Nord et le bassin méditerranéen, la vallée du Rhône a pu favoriser la circulation des hommes, des objets et des idées dès le Paléolithique. Ce corridor et les plateaux avoisinants sont donc particulièrement intéressants pour étudier l'évolution culturelle de l'Homme, et plus précisément l'émergence du Paléolithique moyen, il y a environ 300.000 ans.
La partie la plus étroite de ce couloir, la moyenne vallée du Rhône, est bordée sur sa rive droite par une série de bas plateaux, séparés par des vallées transversales, adjacentes aux contreforts du Massif Central. C'est dans cette région que sont situés les principaux sites – grottes et abris sous roches – connus pour documenter des occupations humaines du Paléolithique moyen.
Des fouilles systématiques ont commencé dès les années 1950 mais aujourd'hui, de nouvelles données, obtenues suite aux travaux menés dans la région par le Musée national d'histoire naturelle, permettent d'aborder la question des modes de peuplement dans cette région sous un angle nouveau.
- Dans quelle mesure la topographie de cette région a-t-elle influencé le peuplement et la mobilité des Néandertaliens et de leurs ancêtres ?
- Comment les variations climatiques ont-elles affecté leurs stratégies de subsistance ?
- Quelles solutions techniques ont été mises en œuvre ? Existe-t-il des traditions spécifiques à cette région ?
- Ce territoire a-t-il été occupé en continu ou non ?
(c)M.-H. Moncel (MNHN)
Or les discussions sur la diversité des groupes humains, leur complexité en termes de technologie, de mobilité et de gestion territoriale sont souvent limitées par le manque de données chronologiques solides.
Pour y remédier, différentes techniques de datation ont été mises en œuvre, notamment au LSCE :
- Les séries de l'uranium (sur spéléothèmes et ossements fossiles),
- la luminescence stimulée par infrarouge (sur feldspaths),
- la résonance de spin électronique (sur émail dentaire et quartz).
Elles ont notamment permis de dater des événements particuliers jalonnant l'histoire des sites :
- la formation de carbonate de calcium secondaire,
- le dépôt des sédiments,
- la mort des animaux et leur enfouissement ultérieur.
Les scientifiques ont ainsi révisé les âges précédemment obtenus et présentent dans cette étude 43 nouveaux âges afin de mettre à jour la chronologie pour les principaux sites de la région : Payre, Ranc-Pointu 2, Baume Flandin, Abri du Maras, Grotte des Barasses II, Abri des Pêcheurs, Grotte du Figuier et Grotte de Saint-Marcel.
Ils proposent désormais un cadre chronologique actualisé pour les sites du Paléolithique moyen de la rive droite de la vallée du Rhône allant d'environ 300 000 à 40 000 ans. Celui-ci offre une nouvelle perspective sur le comportement et la disparition de Néandertal dans la région.
