Avec 59 mégajoules d'énergie de fusion produite pendant 5 secondes, le JET a pulvérisé en 2022 son précédent record établi en 1997 (21,7 mégajoules).
Entre ces deux records, le tokamak européen a subi une transformation profonde, à laquelle le CEA-IRFM a activement participé. En 2011, le carbone composant les parois intérieures et le plancher du tokamak a été remplacé par du béryllium et du tungstène, car ces éléments absorbent beaucoup moins le tritium que le carbone. JET présente désormais une configuration proche de celle d'ITER, ce qui le qualifie comme un banc d'essai essentiel pour le futur démonstrateur international dont les premiers plasmas sont prévus avant 2030 et en 2035 pour le mélange deutérium-tritium – le volume d'ITER étant dix fois plus grand que celui de JET.
Pour la première fois depuis 1997, une campagne expérimentale avec du deutérium et du tritium (deux isotopes de l'hydrogène) a été conduite dans JET, par les scientifiques d'EUROfusion, parmi lesquels une trentaine de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens du CEA-IRFM.
Objectif : caractériser, avec la nouvelle paroi de JET semblable à celle d'ITER et à l'aide de nouveaux diagnostics, le comportement du plasma de fusion et préparer le pilotage du futur démonstrateur de fusion ITER. La mission a été parfaitement remplie avec un bon accord entre simulations et observations pour les durées maximales accessibles au JET. JET est en effet limité à des durées de quelques secondes car ses parois intérieures ne sont pas refroidies activement et les bobines qui produisent le champ magnétique de confinement du plasma ne sont pas supraconductrices.
Le tokamak WEST (W Environment in Steady-State Tokamak) du CEA-IRFM, dont les parois sont en tungstène activement refroidi et qui est équipé de bobines supraconductrices, est un banc d'essai complémentaire de JET pour préparer l'exploitation d'ITER. En effet, WEST va explorer très prochainement des durées de production de plasma de deutérium (sans tritium) de plusieurs minutes, comme ce sera le cas pour ITER.
Bernard Bigot, directeur général d'ITER
Une expérience de fusion deutérium-tritium soutenue sur plusieurs secondes à ce niveau de puissance - presque à l'échelle industrielle - apporte une validation irréfutable à tous ceux qui participent à la quête mondiale de la fusion. Pour le projet ITER, les résultats du JET sont un gage de confiance : nous sommes sur la bonne voie pour démontrer les performances de l'énergie de fusion.
Le consortium EUROfusion regroupe 4.800 experts, étudiants et chercheurs de toute l'Europe dont les travaux de recherche sont financés par la Commission européenne.
ITER rassemble 7 partenaires : la Chine, l'Union européenne, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie et les Etats-Unis. Le futur démonstrateur est en construction à Cadarache.