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Incendies : des surfaces brûlées en baisse et des émissions de carbone en hausse


​Des chercheurs du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) et leurs partenaires montrent que les émissions de carbone liées aux incendies ne faiblissent pas malgré des surfaces brûlées en recul. Elles devraient désormais être prises en compte dans les politiques climatiques.
Publié le 25 septembre 2021

Les satellites d'observation de la Terre ont enregistré un déclin des surfaces brûlées à l'échelle mondiale. Dans le même temps, des méga-feux de forêt se sont produits en Sibérie, en Amérique du Sud et en Australie. Avec quel bilan net en termes de CO2 atmosphérique ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs du LSCE ont étudié la teneur atmosphérique en monoxyde de carbone mesurée depuis 2000 par l'instrument spatial MOPITT (Measurement of Pollution in the Troposphere) de la NASA. Ils ont ainsi pu observer que les énormes panaches de CO émis par les incendies géants sont entraînés par la circulation atmosphérique tout autour de la Terre, provoquant une pollution à la fois locale et globale. En utilisant un modèle de transport atmosphérique, ils ont pu déterminer les émissions de carbone de ces feux.

Ils ont alors eu la surprise de constater que celles-ci n'avaient aucunement diminué au cours des vingt dernières années ! L'explication est lisible à l'échelle régionale. Si les feux de savane et de prairie ont effectivement reculé, les incendies de forêt ont, quant à eux, augmenté. Or ils émettent beaucoup plus de carbone que les feux d'herbes…

« C'est préoccupant parce que les forêts risquent de ne pas récupérer entièrement à l'avenir le carbone qu'elles perdent actuellement, avertit Philippe Ciais, chercheur au LSCE. Si les feux de forêt continuent de s'intensifier, nous avons une source de CO2 qui s'ajoute aux émissions anthropiques et accélèrera le réchauffement global, rendant les objectifs de l'accord de Paris encore plus difficiles à atteindre. »

Les chercheurs constatent également que les modèles d'incendies actuels ne rendent pas compte des émissions déduites des observations atmosphériques. « Pour réaliser des projections dans le futur, nous devrons combiner les observations à haute résolution des satellites, les analyses de traceurs d'incendie dans l'atmosphère et les mesures de carbone sur le terrain », détaille Frédéric Chevallier, également chercheur au LSCE.

Il faut désormais prendre en compte les émissions de carbone des incendies dans les engagements des pays pour l'Accord de Paris, par exemple en développant la prévention des incendies dans les forêts boréales et tropicales les moins accessibles. Le carbone stocké dans la biomasse de ces forêts – qui représente près d'un tiers des émissions de CO2 d'origine anthropique – est un bien commun que l'humanité ne peut pas laisser se consumer.

Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d'une collaboration internationale coordonnée par un chercheur du LSCE, Bo Zheng, qui travaille aujourd'hui à la Tsinghua Shenzhen International Graduate School (Chine).

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