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Chlordécone : quand l’herbicide libère le pesticide des sols antillais…


​Selon une collaboration impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), le chlordécone réapparaît massivement aux Antilles françaises depuis la fin des année 1990 – au moment où est introduit l'usage du glyphosate – des années après son interdiction. 
Publié le 15 février 2021

Le chlordécone est largement répandu dans les champs de bananiers de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon, insecte ravageur majeur de ces cultures. En 1993, l'insecticide organochloré est interdit en raison de sa toxicité, tenue pour responsable, entre autres, du très grand nombre de cancers de la prostate observés à la Guadeloupe et à la Martinique.

Pourquoi, près de trente ans après son interdiction, le chlordécone est-il encore retrouvé en grande quantité dans l'environnement ?

Les scientifiques ont étudié deux zones partiellement couvertes de bananeraies et de champs de cannes à sucre : le bassin de la rivière Pérou, en Guadeloupe, et celui de la rivière du Galion, en Martinique. Ils ont prélevé des carottes de sédiments marins à proximité de l'embouchure des cours d'eau et les ont analysées.

Leur verdict est sans appel : depuis plus de 20 ans, le chlordécone est revenu en force dans les sédiments fins des fleuves côtiers des deux îles, induisant une contamination généralisée de l'environnement. Les chercheurs mettent en cause le glyphosate, un herbicide utilisé à partir de la fin des années 1990 aux Antilles. En détruisant les racines des plantes, il a favorisé l'érosion des sols et celle-ci a libéré le chlordécone stocké dans les champs pollués.

L'équipe interdisciplinaire de chimistes, agronomes et géologues est parvenue à comprendre le devenir du chlordécone et à anticiper ses conséquences à long terme.

De plus, le glyphosate étant utilisé dans le monde entier, il faut désormais évaluer les risques écotoxicologiques soulevés par l'usage de cet herbicide dans des sols contenant des pesticides persistants.

L'étude a été coordonnée par l'Université Savoie Mont-Blanc (USMB), en collaboration avec le LSCE, le centre de Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), des institutions agricoles et des producteurs agricoles antillais. 

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