La croissance des plantes est pilotée par deux mécanismes : la prolifération des cellules et leur différenciation. Ces mécanismes sont régis par différentes protéines régulatrices : TOR est un régulateur crucial de la prolifération cellulaire dans les méristèmes, tissus assurant la croissance retrouvés un peu partout dans la plante1. Les chercheurs ont mis à jour le fonctionnement d’un régulateur supplémentaire : YAK1.
TOR et YAK1 ont des effets antagonistes qui assurent un équilibre entre prolifération et différenciation cellulaire :
- Si TOR n’est pas activé, YAK1 induit un blocage des divisions cellulaires et favorise la différenciation des cellules du méristème.
- Inversement, si TOR est activé, il inhibe YAK1, et favorise la croissance du méristème, ce qui permet de maintenir la prolifération.
Chez l’animal cette fois, cet équilibre est au cœur du processus de cancérisation. Or, il s’avère que TOR et YAK1 se retrouvent chez la plupart des organismes animaux ! Chez l’homme, l’homologue de YAK1 est la protéine appelée DYRK1A : elle est impliquée dans l’engagement des cellules souches humaines vers les lignées neurales et intervient dans le syndrome de Down (trisomie 21) ou encore les troubles du spectre autistique. Les chercheurs ont démontré que des inhibiteurs agissant sur les protéines régulatrices humaines sont également opérationnels sur les plantes.
Cette étude chez les plantes illustre l’énorme potentiel de l’étude des grandes fonctions fondamentales du vivant, conservées du végétal à l’Homme, avec des implications parfois inattendues.
1- Par
exemple, les cellules du méristème des racines prolifèrent d’abord, puis se
différencient en s’allongeant pour augmenter la longueur de la racine.