De nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant le virus de la grippe sont activement recherchées en raison des limites des médicaments disponibles sur le marché, limites notamment dues aux phénomènes de résistance spontanée. Afin de repousser ces limites, les scientifiques cherchent, non plus à cibler le pathogène directement, mais à l’empêcher d’utiliser la machinerie cellulaire pour survivre et se reproduire. Dans cette optique, des chercheurs du CEA-Irig, en collaboration avec l’Institut Pasteur, l’Université Paris Diderot et l’Université Paris Descartes, ont focalisé leurs travaux sur un partenaire cellulaire essentiel à l’infection par le virus grippal, le complexe protéique RED-SMU1. En effet, afin de produire certaines des protéines dont il a besoin, le virus utilise ce complexe pour faire mûrir les ARN messagers (ARNm). Et sans ARNm, les protéines ne peuvent pas voir le jour.
« En combinant la cristallographie et la modélisation moléculaire, nous avons identifié des molécules synthétiques ciblant une interface essentielle à l’assemblage de ce complexe, explique Thibaut Crépin, chercheur CNRS au CEA-Irig. Nous avons notamment résolu la structure du domaine N-terminal de SMU1 en complexe avec RED, mais aussi celle du même domaine lié à l’une des molécules identifiées pour perturber ce complexe. » Ils ont de plus montré que ces composés inhibant l’interaction RED-SMU1, affectent la maturation et la multiplication des ARNm grippaux, tout en préservant la vie cellulaire. Leurs résultats démontrent le potentiel de molécules ciblant SMU1 en tant que thérapie antivirale, qui pourraient être actives contre un large éventail de virus grippaux mais aussi être moins sujettes à la pharmacorésistance.