Résultat scientifique | Astrophysique
Rayons cosmiques : première trace « multi-messager » d’une source ?
IceCube / University Madison-Wisconsin
Chapeau
L'énigme des rayons cosmiques, vieille de plus de cent ans, pourrait avoir été résolue avec la détection de neutrinos par la collaboration Icecube dans la direction d'un trou noir galactique actif, lui-même détecté en rayons gamma de basse énergie. L'Irfu coordonne ces observations avec le télescope Hess en rayons gamma de haute énergie qui n'a rien détecté pour l'instant dans cette région. L'astronomie « multi-messager » ne fait que commencer…
Publié le 16 juillet 2018
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Les rayons cosmiques sont des particules accélérées qui arrivent sur Terre avec des énergies prodigieuses, totalement inaccessibles aux collisionneurs créés par l'homme. Ces particules chargées sont déviées par les champs magnétiques baignant l'Univers et leur provenance apparente ne dit rien de leur origine. À ce jour, aucune source de rayons cosmiques de très hautes énergies n'a pu être identifiée et le mécanisme d'accélération de ces particules reste une énigme.
L'astronomie « multi-messager », associant ici neutrino et photon gamma, pourrait changer la donne. Les rayons gamma à haute énergie sont en effet abondamment produits au cours des événements de haute énergie, renseignant sur la localisation, la morphologie et le spectre en énergie des sources. Les neutrinos émis par les particules accélérées sont, quant à eux, très difficiles à détecter mais pourront tracer les sources de rayons cosmiques.
L'Irfu participe à cette quête avec l'observatoire gamma à haute énergie Hess, en Namibie, en étroite relation avec les télescopes à neutrinos IceCube et Antares. Ces derniers sont équipés d'un système d'alerte rapide capables d'annoncer aux télescopes partenaires une détection après seulement quelques dizaines de secondes.
Le 22 septembre 2017, un neutrino à 290 téraélectronvolts a été repéré par IceCube, déclenchant une alerte 43 secondes plus tard. La direction d'origine du neutrino pointe vers un blazar à rayons gamma bien connu, c'est-à-dire un noyau actif de galaxie possédant des jets de particules dirigés vers la Terre. Cette source est devenue observable par Hess en Namibie environ quatre heures plus tard mais aucune émission gamma n'a été détectée dans cette zone.
Or plus tôt, depuis avril 2017, l'observatoire spatial Fermi de rayons gamma de plus basse énergie que Hess avait détecté d'inhabituelles variations de flux du blazar pendant plusieurs semaines, signalant une phase active du blazar.
Cette coïncidence a alors suscité une vaste campagne d'observations allant des fréquences radio aux rayons gamma de haute énergie.
Il reste cependant une probabilité de 0,1 % que la coïncidence de l'événement neutrino avec le sursaut du blazar soit le fruit du hasard.
Les physiciens de l'Irfu, qui coordonnent ces observations avec Hess, préparent la mise en service de CTA (Cherenkov Telescope Array) qui sera un instrument de tout premier plan pour ces recherches.
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