Publié le 29 juin 2018
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Le carbonate de plomb entre dans la composition de peintures et de cosmétiques depuis l'Antiquité.
Une équipe associant le Laboratoire de mesure du carbone 14 (LSCE) et le Musée du Louvre a mesuré pour la première fois le carbone 14 contenu dans des carbonates de plomb par spectrométrie de masse par accélérateur. Ces échantillons minéraux sont totalement inhabituels car la datation au 14C se pratique sur des restes organiques provenant de végétaux ou d'animaux ayant incorporé du CO2 de leur vivant.
Dans le cas des carbonates de plomb, la présence ou l'absence de 14C fournit des informations sur le procédé à partir duquel ils ont été fabriqués. En effet, les poudres obtenues par broyage de minéraux ne contiennent pas de traces de 14C car ces substances naturelles ont été formées il y a très longtemps et leur 14C a complètement disparu au fil des désintégrations successives. En revanche, les poudres préparées par voie chimique ont incorporé du CO2 atmosphérique de l'époque, voire d'autres matières organiques, et contiennent encore aujourd'hui du 14C.
Des échantillons cosmétiques des Antiquités égyptienne et grecque ont été mesurés. L'hypothèse avancée depuis une vingtaine d'années selon laquelle les Égyptiens et les Grecs anciens maîtrisaient déjà des techniques de synthèse chimique et les appliquaient à leur « industrie » cosmétique se trouve désormais confirmée.
Ainsi, la cérusite (PbCO3) était un minéral naturel – sans trace de 14C – utilisé pour les cosmétiques dans le Royaume égyptien et elle est ensuite devenue un composé de synthèse, fabriqué par les Grecs anciens.
La phosgénite (PbCl2(CO3)2), quant à elle, a été produite artificiellement par les Égyptiens, il y a environ 3500 ans.
La détection du 14C dans le carbonate de plomb est très prometteuse pour l'histoire de l'art et fournit un nouvel outil pour l'authentification des peintures en datant le blanc de plomb, très présent notamment dans les peintures de la Renaissance.
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