Le syndrome de Sjögren est une maladie rare, qui survient le plus souvent à partir de 50 ans et touche un peu moins d’un adulte sur 10 000. Il est lié à une inflammation des glandes endocrines, dont les glandes lacrymales et salivaires, infiltrées des lymphocytes B et T (globules blancs), qui ne sécrètent alors plus suffisamment de fluides au niveau de la peau et des muqueuses.
Les micro-ARN sont de petits ARN régulateurs : lors de l’expression des gènes, ils peuvent se lier aux ARN messagers et inhiber ainsi leur traduction en protéines. Intervenant sur le fonctionnement des gènes sans en modifier la séquence, ils sont considérés comme des agents épigénétiques. Une équipe de l'Institut François-Jacob du CEA a mené une étude quantitative sur ceux exprimés dans des lymphocytes B et T, cellules impliquées directement dans le syndrome de Sjögren. Celles-ci ont pu être triées à partir du sang de patients et de personnes témoins. Pour la première fois, les chercheurs ont mis en évidence des quantités différentes de micro-ARN dans les cellules provenant du sang des malades spécifique a chaque type cellulaire.
L’équipe s’est ensuite intéressée à l’impact de la sous expression des micro-ARN, en étudiant l’un d’entre eux : miR-30b-5p. Ce micro-ARN cible l’ARN messager du facteur d'activation des lymphocytes B, facteur jouant un rôle clé dans la maladie. Le blocage de miR-30b-5p par des inhibiteurs de synthèse (antagomirs) dans des cellules entraine une augmentation de ce facteur d’activation. D’où l’idée d’un traitement du syndrome de Sjögren basée sur l’administration de micro-ARN dans les glandes où ceux-ci seraient sous exprimés. Ces micro-ARN permettraient ainsi de contrôler l’activation des lymphocytes responsables de la maladie.