Nourrir trois milliards d'individus de plus d'ici 35 ans est un défi sociétal majeur, d'autant que certaines sources d'engrais comme les phosphates sont en voie d'épuisement. L'utilisation d'isotopes radioactifs du phosphore a permis de démontrer le rôle clef de la coiffe – un ensemble de petites cellules localisées à la pointe des racines - dans la nutrition phosphatée des plantes. L'absorption de phosphate a pu être visualisée grâce à un système unique d'imagerie en temps réel des radioéléments combiné à des manipulations génétiques sur les transporteurs de phosphate. Les travaux montrent que la coiffe participe non seulement à la croissance des plantes mais aussi à adapter leur physiologie à un environnement fluctuant. Cette fonction est essentielle pour des organismes fixés -comme les plantes - pour survivre dans un milieu qu'ils ne peuvent fuir !
Le rôle de la coiffe avait échappé à l'attention des chercheurs malgré des controverses historiques initiées par les premiers anatomistes du végétal au XVIIe siècle. Elle protège en effet une zone de croissance qui accumule de nombreux ions provenant d'autres parties de la plante. Le défi de ces travaux a été de différencier les flux de phosphate directement absorbés par la coiffe et ceux provenant du reste de la plante.
L'optimisation de l'assimilation du phosphate par la plante est un objectif incontournable et en identifier les mécanismes facilitera le développement de pratiques culturales adaptées.
Légende : A : Schéma de l’absorption de phosphate (Pi) par la coiffe (en bleu foncé) et transfert du phosphate depuis le reste de la plante (en bleu clair).
B : Visualisation par radioimagerie résolue en temps réel (cinétique de 10 min) de l’entrée de phosphate radioactif (en bleu sur l’image) dans une pointe de racine de luzerne révélant un marquage de la coiffe.
C : A gauche, rosette d’un mutant d’Arabidopsis présentant une réduction de 80 % du transport de l’ion phosphate. A droite, rosette d’une plante génétiquement modifiée pour laquelle ce défaut de transport a été supprimé uniquement au niveau de la coiffe produisant un gain significatif de croissance. © CEA / Biam