Un ciment contient de l’hydroxyde de calcium (basique) qui réagit au cours du temps avec le dioxyde de carbone (acide) de l’atmosphère. Ce phénomène naturel, appelé carbonatation, est la réaction chimique inverse de la calcination du calcaire qui a donné naissance au ciment. Si le second processus a été évalué à 5% des émissions de carbone globales d’origine anthropique, le premier n’a pas été pris en compte jusqu’à présent dans le bilan carbone.
Une équipe du LSCE a recherché et rassemblé toutes sortes de données sur les ciments au cours de leur utilisation nominale et aussi pendant leur démolition et leur seconde vie de déchet. Elle a ensuite incorporé ces données à un modèle décrivant les processus chimiques de carbonatation de ces ciments et en a déduit les hausses régionale et globale des émissions de CO2 entre 1930 et 2013.
Selon cette étude, la carbonatation des ciments au cours de leur cycle de vie constitue un puits de carbone important et de capacité croissante : de 0,10 Gt C/an en 1998 à 0,25 Gt C/an en 2013. Au total, les chercheurs estiment qu’un cumul de 4,5 Gt C a ainsi été séquestré entre 1930 et 2013, faussant de 43 % l’évaluation des émissions de carbone dues à la production de ciment sur la période.