La ricine et la toxine de Shiga sont deux poisons contre lesquels il n’existe pas d’antidote. Le premier, hydrosoluble et insipide, est redouté pour son utilisation potentielle en bioterrorisme. Le second, produit par certaines souches d’Escherichia coli, a entre autres été responsable en 2011 d’une épidémie de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) causant à Hambourg 4000 hospitalisations, 800 insuffisances rénales graves et plus de 50 décès1.
Dans le cadre du programme interministériel contre les risques NRBC-E2, des chercheurs du CEA-IBITECS ont découvert en 2010 une famille de molécules réduisant fortement la toxicité de plusieurs poisons via un criblage à haut débit dans un test de protection de cellules contre la ricine. Ces molécules agissent en bloquant le transport intracellulaire dans la voie3 empruntée par plusieurs toxines, notamment la ricine et la toxine de Shiga. Elles ont aussi l’avantage de ne pas bloquer les voies intracellulaires nécessaires au passage de protéines nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. L’une d’entre elles, dénommée Retro-2, a démontré son efficacité dans un modèle rongeur contre la ricine.
« En collaboration avec des collègues du CHU de Purpan, à Toulouse, nous venons de montrer in vivo que Retro-2 est également très efficace contre les toxines de Shiga. Cette molécule peut en effet réduire d’un facteur 2 la mortalité due à ce poison dans un modèle rongeur, explique Daniel Gillet, chercheur au CEA-IBITECS. Et de conclure : « Ces résultats nous confortent dans notre volonté de développer un traitement à base de Retro-2, ou de ses analogues optimisés, pour lutter contre une intoxication à la ricine et/ou au SHU lié aux toxines de Shiga. »
Structure de la forme active de la molécule Retro-2. © CEA
- Le coût global de cette épidémie est estimé à $4 milliards
- Risques terroristes causés par des agents nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs
- Il s’agit de la voie rétrograde, entre l’endosome et l’appareil de Golgi