Le bison des steppes (Bison priscus) était au temps de la Préhistoire un bovidé extrêmement répandu, dont l'aire de distribution s'étendait dans une zone qui couvre aujourd'hui de l'Angleterre à l'Amérique et du nord de la Russie à l'Espagne et la France. Il a fortement impressionné les premiers Hommes modernes d'Europe qui l'ont souvent représenté dans des grottes ornées comme celles de Chauvet ou des Trois-Frères en France, ou celle d'Altamira en Espagne. Malgré l'abondance des restes osseux et l'importance symbolique de cet animal, seule une faible partie (5%) de son génome mitochondrial était jusqu'à présent connue. Une équipe du CEA-IBITECS, intégrée au laboratoire Eco-anthropologie et ethnobiologie (CNRS/MNHN) localisée au Musée de l’Homme, a pu déterminer l'intégralité du génome mitochondrial d'un specimen de bison des steppes, à partir d'un fragment osseux datant de 19 000 ans et provenant de la grotte des Trois-Frères (Ariège).
L'échantillon a été sélectionné en collaboration avec l'association Louis Bégouën et la Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées. L'analyse phylogénétique de ce génome permet de le positionner dans l'arbre évolutif des bovidés, et montre en particulier sa proximité génétique avec le bison d'Amérique du Nord (Bison bison). Les génomes mitochondriaux du bison des steppes préhistorique et de l'actuel bison d'Amérique du Nord ne diffèrent en effet que par une centaine de nucléotides sur un total de 16 300. Cette étude fournit une séquence de référence à laquelle pourront être comparées celles d'autres espèces éteintes de bison de l'ère glaciaire. La même équipe avait précédemment déterminé le génome mitochondrial complet de l'ours des cavernes (Ursus spelaeus) à partir d'un os de 32 000 ans prélevé dans la grotte Chauvet (Ardèche).