La sulfirédoxine (Srx), une enzyme découverte en 2003, occupe toujours ses «inventeurs» du CEA-IBITECS. Elle catalyse une réaction de réduction réactivant la fonction des peroxyrédoxines (Prx), des enzymes de protection contre le stress oxydant. La fonction physiologique des Prxs et de Srx reste cependant incomprise. Les Prxs et Srx sont fortement exprimées dans différents cancers humains, mais pas dans les tissus sains adjacents. Ce couple enzymatique jouerait-il un rôle dans l’induction et le développement des tumeurs ?
Pour le savoir, l’équipe de Saclay a obtenu des rongeurs génétiquement dépourvus de Srx et les a soumis à un protocole bien connu d’induction de cancers de la peau, par application locale de produits cancérigènes. Résultat : le nombre et la taille des tumeurs induites sont bien inférieurs à ceux constatés chez des animaux «normaux». L’examen histologique révèle que l’absence de Srx n’affecte pas la prolifération mais diminue la viabilité des cellules tumorales, qui meurent d’apoptose. L’équipe avait obtenu en 2013 des résultats similaires dans un modèle de cancer colorectal induit chez le rongeur.
Les chercheurs estiment que la fonction d’antioxydant du couple Prx/Srx n’est pas importante dans le cancer. Ce couple enzymatique assure aussi une fonction de chaperon (une molécule qui « guide » le repliement correct des protéines) qui, elle, serait cruciale pour la viabilité des cellules tumorales. C’est en tout cas l’hypothèse que l’équipe explore aujourd’hui dans plusieurs pathologies, dont les maladies neurodégénératives.