Base de l’alimentation d’une grande partie de l’humanité, le blé tendre (Triticum aestivum L.) est la céréale la plus cultivée au monde. Les scientifiques souhaitent décrypter son génome afin d’identifier des gènes d’intérêt agronomique et rationaliser l’amélioration variétale. Or ce séquençage ne constitue pas une mince affaire. Le blé actuel, issu de deux hybridations successives de céréales sauvages, possède en effet un triple génome. Au total, ses vingt-et-un chromosomes (sept par sous-génome) comptent dix-sept milliards de bases1 et plus de 90 000 gènes. Le Consortium International de Séquençage du Génome du Blé (IWGSC) y travaille depuis 2005…
Un groupe en grande majorité français, piloté par l’Inra et dans lequel le CEA-IG (Genoscope) était chargé de l’établissement d’une stratégie de séquençage ad hoc et de sa mise en œuvre, vient de publier la séquence de référence du chromosome 3B, le plus grand de tous avec presque un milliard de bases. Ce travail a révélé 7700 gènes répartis selon une structure particulière : ceux du métabolisme de base se situent plutôt dans la région centrale alors que les gènes plus spécifiques d’un tissu ou d’un stade de développement se regroupent en majorité vers les extrémités du chromosome. La comparaison avec les données génomiques d’espèces proches, comme le riz ou le sorgho, montre que des réarrangements génomiques successifs sont intervenus "récemment" chez le blé cultivé.
Dans ce même numéro de Science, l’IWGSC, dont le CEA-IG (Genoscope) est partie prenante, publie une ébauche du génome complet réparti sur les différents chromosomes. Possédant désormais une vision d’ensemble, et fort des méthodes et outils mis au point pour le chromosome 3B, le Consortium veut établir le génome de référence complet dans les trois ans à venir. Les scientifiques de l’Inra et du CEA ont d’ores et déjà pris en charge le séquençage de deux autres chromosomes, le 1B et le 4B.