Passer sa petite enfance dans une ferme réduit les risques d'asthme, d'eczéma, de rhume des foins, et de manière générale la susceptibilité aux allergies. C'est ce qu'ont montré plusieurs études épidémiologiques en Europe. Les mécanismes en jeu demeurent toutefois mal connus. Une collaboration internationale, comprenant une équipe du CEA-IG, a mené l'enquête auprès d'enfants ruraux et urbains de quatre ans et demi, en Allemagne et en France.
Sur la base de résultats antérieurs, les chercheurs soupçonnaient l'implication des lymphocytes T1, et en particulier des lymphocytes T "régulateurs", dits Treg. Ces derniers contrôlent la réaction immune, évitant son emballement (allergie, maladie auto-immune). Et de fait, les enfants vivant en milieu rural présentent bien un taux supérieur de lymphocytes Treg. Il en va de même pour la modification épigénétique d'une protéine (la FOXP3) caractéristique de ces cellules. Ces particularités sont associées à une moindre sensibilité aux allergènes courants et une moindre prévalence des troubles asthmatiques.
Une ferme étant un environnement complexe, les chercheurs ont aussi voulu identifier les facteurs protecteurs. Résultat: seule la consommation de lait de ferme est corrélée aux taux de Treg. Cela n'exclut pas que d'autres facteurs repérés lors des études épidémiologiques (présence de plusieurs espèces animales, contact avec le foin, séjours dans l'étable, exposition à des microorganismes…) agissent par des mécanismes différents.
L'équipe souhaite maintenant suivre ces enfants jusqu'à l'âge scolaire, au moment où le système immunitaire arrive à maturité et où la prévalence des troubles allergiques augmente. Reste aussi à savoir quel composant du lait agit ainsi, sachant qu'il est aussi efficace bouilli que cru…
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