C’est un résultat qui fait la couverture du Journal Structure du mois
de février. Il s’agit de la 1ère description à l’échelle atomique de
tau, une protéine qui s’agrège anormalement dans les neurones avant même
que la maladie d’Alzheimer ne se déclare, provoquant l’apparition
progressive de troubles cognitifs. Une connaissance aussi fine de tau guidera
les biologistes pour comprendre son rôle et, à terme, concevoir des traitements.
« Le couplage des techniques de RMN1 et de diffusion aux petits
angles nous a permis d’obtenir ce résultat, raconte Martin Blackledge. Ces
deux méthodes permettent en effet de conjuguer une vision locale et globale de
la structure et du fonctionnement de la protéine en solution. » La protéine tau,
comme toutes les protéines désordonnées, change perpétuellement de forme de
façon plastique. Au gré de ces changements, elle affiche des fonctions
différentes. La prouesse des nouvelles techniques de l’IBS tient dans la
possibilité d’observer des conformations fugaces, transitoires, mais
néanmoins cruciales pour le fonctionnement de la protéine. « Nos
méthodes se sont affinées pour décrire un large nombre de conformations de la
protéine, ajoute le chercheur. Nous sommes passés d’une photo floue à un cliché
devenant de plus en net, avec 400 pixels, chaque pixel représentant une
conformation. »
Tous ces résultats ont été obtenus in vitro, dans des conditions
mimant l’environnement physiologique. Les chercheurs souhaitent aujourd'hui
raffiner ce mime pour s’approcher au plus près de l’environnement cellulaire.
Aussi, leurs méthodes pourront s’appliquer à l’observation de toutes les
protéines désordonnées, qui constituent une fraction considérable des protéines
humaines, élargissant ainsi le panel des applications médicales.
- Résonance Magnétique Nucléaire