Bien que les dioxines soient naturellement produites lors d’éruptions volcaniques ou d’incendies de forêt, les procédés industriels sont très largement responsables de leur dissémination dans l’environnement. Or, ces molécules, proches du fameux PCB (polychlorobiphényle), sont hautement toxiques et cancérogènes. Elles peuvent contaminer l’homme via l’alimentation, notamment par les graisses animales, et endommager les systèmes immunitaire, nerveux et endocrinien. Les dioxines sont également des polluants organiques persistants dont il est extrêmement difficile de se débarrasser. Malgré les méthodes de prévention et une législation mise en place pour en limiter les émissions, des procédés de biodégradation restent à inventer.
L’une des pistes explorées par les biologistes est Sphingomonas wittichii, une bactérie connue pour dégrader de nombreux produits récalcitrants. Les chercheurs ont sélectionné une souche capable de se développer malgré une exposition prolongée aux dioxines. Objectif ? Etudier les enzymes de S. wittichii impliquées dans la dégradation des dioxines. « Nous avons utilisé un spectromètre de masse à très haute résolution et ultra-rapide, acquis en commun avec l’Institut de Chimie Séparative de Marcoule1, qui a permis de déterminer l’ensemble de ces protéines et de suivre leur dynamique au cours de sa croissance sur différents substrats », nous livre Jean Armengaud.
L’analyse des données a permis d’identifier, non seulement les enzymes clés dans la dégradation microbiologique des dioxines, mais également les verrous de ce processus naturel qui seront à lever pour une éventuelle applicationindustrielle. Ces résultats préfigurent de nombreuses solutions, inspirées par le vivant, en matière de nouveaux procédés de dépollution et de recyclage. Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’un partenariat FULBRIGTH de coopération franco-américaine.
- De la Direction des Etudes Nucléaires