​La boussole des bactéries magnétotactiques (MTB) intéresse les scientifiques. Capables de s’aligner le long des lignes du champ magnétique terrestre, les MTB affichent un fort potentiel biotechnologique. Par exemple, équipées d’une enzyme qui dégrade des agents polluants, elles pourraient se propager dans des effluents, les nettoyer, puis être facilement récupérées par aimantation. Les biologistes ont besoin de mieux les connaître.

Les chercheurs du CEA-iBEB montrent que l’ancêtre commun à toutes les bactéries de la famille des Proteobacteria ¹ était magnétotactique, alors que peu de bactéries de cette famille affichent aujourd’hui cette propriété. Contrairement à l’hypothèse actuelle d’une acquisition par transfert horizontal de gènes, c’est-à-dire par échange de matériel génétique entre bactéries de différents groupes, les scientifiques révèlent que la magnétotaxie a été héritée. Ils ont en effet mis évidence un parallèle entre l’arbre de filiation des gènes impliqués dans la magnétotaxie et l’arbre de filiation des gènes de « ménage » (ARNr 16S, RpoD) qui servent classiquement à retracer l’histoire évolutive des espèces bactériennes.

Pourquoi les espèces bactériennes magnétotactiques ne représentent-elles qu’une minorité au sein de la famille des Proteobacteria ? Les chercheurs expliquent cette apparente contradiction par une perte, au cours du temps, des gènes nécessaires à la magnétotaxie. Une hypothèse corroborée par une observation faite en laboratoire : la perte rapide du comportement magnétotactique lors de la culture de certaines MTB suite à une perte avérée de l’îlot génomique contenant les déterminants génétiques de la magnétotaxie.

1. Groupe de bactéries incluant de nombreuses bactéries telles Escherichia et Salmonella