Si elle fournit une image bien résolue des tissus, la radiographie X ne renseigne que sur la densité, et non sur la nature de ces derniers. De fait, cette technique d'imagerie basée sur la mesure de l'atténuation des rayons transmis ne tient pas compte des rayons diffusés, lesquels peuvent pourtant apporter des informations très spécifiques sur la structure des tissus. La technologie radiographique de rayons X diffusés est à la fois puissante et non invasive. Elle permet d’identifier et caractériser différentes matières par leur signature moléculaire.
L'idée des chercheurs du CEA-Leti est de tirer parti de ces rayons diffusés, surtout à petits angles, pour distinguer les tissus sains des tissus tumoraux et faciliter le diagnostic notamment du cancer du sein. Ils associent de nouveaux détecteurs spectrométriques à des tubes de rayons X polychromatiques traditionnels. Pour ce faire, les chercheurs avaient besoin de détecteurs permettant de capter l’information spectrale des rayons X diffusés dans du tissu tumoral, le tout dans un milieu clinique à température ambiante. Ils ont mis au point des détecteurs CdZnTe qui mesurent efficacement et très précisément l'énergie de chaque photon reçu.
Récemment, ils ont réussi à utiliser un système expérimental basé sur des mesures de spectres de diffusion, ainsi qu'une méthode de traitement des données pour calculer les signatures de diffraction à partir de ces mesures. Le système a été testé à l'aide de tissus adipeux et musculaire de pièces de bœuf choisis pour imiter les signatures de diffraction des tissus mammaires. Les résultats présentés ont indiqué que la nature du tissu (adipeux, musculaire ou mélange de tissus adipeux et musculaire) pouvait être visualisée avec succès avec un temps d'acquisition de 10 secondes. Ce test a démontré l’efficacité de cette technique pour différencier tissu cancéreux et tissu sain.
Ces résultats ont montré le potentiel de la technologie de rayons X diffusés pour le diagnostic du cancer du sein. L'étape
suivante consistera à pratiquer ces tests sur des échantillons plus complexes (différentes tumeurs, différents stades de maturité) et sur des tissus d’origine humaine.