Depuis le début de la pandémie Covid-19, les enfants et adolescents infectés par le virus SARS-Cov-2 présentent des symptômes moins nombreux et plus légers que les adultes. Ils sont moins susceptibles au développement de formes graves de la Covid-19. Concernant les nouveau-nés, les quelques données répertoriées dans la littérature font état de formes bénignes de la maladie.
Les mécanismes biologiques expliquant cette différence sont en cours d'étude, l'une des hypothèses étant basée sur la différence de maturité du système immunitaire, mais il reste encore difficile d'acquérir des connaissances relatives à l'infection par le SARS-Cov-2 avec ces populations.
Comprendre ce qui différencie le comportement du virus ou la réponse de l'organisme selon l'âge permettra de mieux identifier les mécanismes à cibler dans la Covid-19. Le développement de modèles primates non humains (PNHs) pédiatriques permettrait de répondre de manière cohérente à cette problématique du fait de la proximité phylogénétique du PNH avec l'homme, pour obtenir des données expérimentales robustes dans un modèle maitrisé.
C'est dans ce cadre de recherche qu'une équipe d'IDMIT a développé, via une étude pilote, un modèle primate non humain néonatal d'infection par le SARS-Cov-2.
Les chercheurs ont caractérisé les réponses immunitaires (innées et adaptatives), les cinétiques de charges virales (nombre de copies d'ARN viral) et les profils du microbiote de différents compartiments (nasal, rectal et vaginal) de ce modèle.
Suite à l'exposition au virus SARS-Cov-2 (souche Wuhan), ils ont montré que le modèle néonatal développe une infection asymptomatique se traduisant par la présence d'une charge virale importante au niveau des voies aériennes respiratoires supérieures mais pas de lésions pulmonaires (contrairement au modèle primate non humain adulte).
L'analyse transcriptomique d'échantillons sanguins réalisée par la Life & Soft a mis en évidence dès deux jours post-infection la surexpression de gènes impliqués dans des voies de signalisation indiquant l'activation d'une réponse immunitaire innée précoce interféron de type I (INF-1). L'analyse par cytométrie de flux a permis de montrer la présence de lymphocytes B jusqu'à quarante jours post-infection, pouvant être associée à la mise en place d'une réponse immunitaire à médiation humorale, dite réponse immunitaire adaptative.
Les chercheurs se sont également intéressés au profil du microbiote de différents compartiments (nasal, rectal et vaginal) post-infection. Ils ont observé une altération du profil du microbiote dans les compartiments étudiés (dysbiose), associée à une production de cytokines plus importante et une augmentation de la charge virale.
Cette étude pilote a permis l'identification d'une réponse immunitaire différentielle dans un modèle expérimental néonatal d'infection par le virus SARS-Cov-2. Certaines caractéristiques de cette réponse différentielle ont été retrouvées dans des études réalisées chez les enfants infectés par la Covid-19. Cette étude présente donc la pertinence de ce modèle pour une meilleure caractérisation et compréhension de la Covid-19 chez une tranche de population plus difficilement accessible.