Parmi les maladies neurodégénératives, les tauopathies se caractérisent par l'accumulation progressive dans le cerveau d’agrégats de la protéine Tau sous des formes anormales. Ces agrégats sont le plus souvent retrouvés dans les neurones, cellules cérébrales synthétisant le plus la protéine Tau afin de stabiliser la structure de leurs axones. Pourtant dans certaines tauopathies, la présence d’agrégats avait été également repérée dans les astrocytes sans que l’on en explique ni l’origine ni les conséquences. Les astrocytes sont des cellules gliales qui participent à de nombreuses fonctions clés dans le cerveau, comme la sécrétion de facteurs trophiques et de neurotransmetteurs, le maintien de la barrière hémato-encéphalique ou encore la réparation de lésions cérébrales. D’où proviennent ces agrégats de tau astrocytaires et sont-ils toxiques ?
Les chercheurs du LMN (MIRCen/CEA-Jacob/CNRS/Université Paris Saclay) avec l'équipe « Alzheimer et Tauopathies » de l'unité INSERM U1172 (Lille),a développé des modèles rongeurs de tauopathies, générant spécifiquement des agrégats de Tau dans les neurones. Sur ces modèles, les chercheurs ont ainsi pu montrer que suite à l'apparition d'agrégats pathologiques de protéine Tau dans les neurones, l'accumulation de ces agrégats dans les astrocytes se produit dans un second temps. De plus, les chercheurs ont mis en évidence un échange de la protéine Tau entre neurones et astrocytes. Enfin, ils ont déterminé qu'une des formes anormales de la protéine Tau est toxique pour les astrocytes, entrainant leur mort. Ces cellules ne seraient donc pas de simples spectatrices de la pathologie neuronale et pourraient contribuer de manière significative aux symptômes cliniques.
Les
protéines Tau migrent des neurones vers les astrocytes, pouvant induire leur
altération. Des mouvements de Tau des astrocytes vers les neurones sont ensuite
observés.
Cette étude, publiée dans Brain, montre que les astrocytes interviendraient dans les mécanismes pathologiques des tauopathies, constituant ainsi des cibles potentielles dans le développement de nouvelles thérapies contre ces maladies neurodégénératives.