La bactérie Helicobacter pylori est une bactérie qui infecte la paroi interne de l'estomac. Acquise principalement dans l'enfance, l'infection persiste toute la vie si elle n'est pas traitée. Elle est responsable de gastrites chroniques, d'ulcères duodénaux et joue un rôle important dans l'apparition des cancers de l'estomac. H. Pylori infecte environ la moitié de la population mondiale avec une répartition géographique diversifiée : 60 à 90% en Afrique, Asie et Amérique latine et 30 à 40% en Europe.
Depuis la mise en évidence en 1982 de ce pathogène comme agent étiologique des ulcères, le traitement avec des antibiotiques a permis de guérir cette pathologie et éviter des cancers. Cependant, les dernières années ont vu une augmentation spectaculaire de souches de H. pylori résistantes au traitement. Ceci est dû à l'impressionnante plasticité du génome de cette bactérie. Au-delà de la mutagénèse très élevée chez ce pathogène, la transformation naturelle contribue énormément à l'acquisition et propagation de gènes de résistance aux antibiotiques. Par cette voie, certaines espèces bactériennes peuvent capter et incorporer dans leur génome de l'ADN présent dans l'environnement. Chez H. pylori, où ce processus est très efficace, la machinerie moléculaire qui permet la capture et l'internalisation de l'ADN transformant est mal connue.
L'équipe du LRIG (IRCM), en collaboration avec des chercheurs de l'I2BC (Gif-sur-Yvette et Institut des sciences du vivant Fréderic Joliot/CEA Paris-Saclay) et de l'Indian Institute of Sciences (Bangalore), a identifié un acteur clé impliqué dans l'internalisation de l'ADN, la protéine ComH.
Cette protéine (sans homologue dans d'autres espèces) est présente dans le périplasme de H. pylori, l'espace entre les deux membranes de la bactérie. Elle lie avec une forte affinité l'ADN et par son interaction avec une protéine du pore de la membrane interne, livre l'ADN transformant pour son passage vers le cytoplasme. Ce transfert de matériel génétique lors de la transformation naturelle est important aussi bien pour la virulence que pour la propagation de la résistance aux antibiotiques chez H. pylori.
L'identification d'un composant unique à cette bactérie est essentielle pour ce processus et ouvre la voie à l'identification d'une nouvelle cible thérapeutique pour l'éradication de l'infection.
Ces travaux ont fait l'objet d'un communiqué de presse.