Après la piqûre d’un moustique infecté, le parasite responsable du paludisme gagne le foie où il se multiplie. Ensuite, il se propage dans le sang où sa prolifération provoquera une maladie potentiellement mortelle. Dans certains cas, dont celui du parasite Plasmodium vivax chez l’Homme, une fraction des parasites hépatiques peut rester dormante un an ou plus, d'où leur nom d’hypnozoïte. Ensuite ceux-ci se réveillent au cours du temps et provoquent une infection sanguine.
L’hypnozoïte représente, dans le cadre du contrôle/élimination du paludisme, une double difficulté : un plus grand nombre de cas à traiter et une transmission accrue. Malheureusement la primaquine (et son équivalent récemment développé, la tafénoquine), seuls médicaments capables de tuer les hypnozoïtes, ont des effets indésirables parfois graves pour l’organisme. C’est pourquoi l’identification de molécules sûres pour les remplacer constitue une urgence de santé publique.
Des résultats imprévus…
Pour cela, les chercheurs ont d'abord réussi à maintenir en culture des cellules hépatiques infectées jusqu'à 40 jours, soit près de quatre fois plus longtemps que ce qui est généralement obtenu. Ils ont ensuite montré la persistance des formes dormantes tout au long de la culture, certaines se réveillant au fil du temps, mimant ainsi ce qui se passe chez l’Homme. Ils ont également testé de nouvelles molécules capables de tuer la forme sanguine du parasite. Paradoxalement, l’une d’entre elles induisait le réveil des parasites dormants. Ce résultat inattendu a inspiré une nouvelle stratégie : "Wake & Kill" consistant à associer une molécule capable de réveiller le parasite dormant à un des nombreux traitements disponibles et qui a fait ses preuves d’efficacité sur le parasite en cours de multiplication.
… et porteurs d’espoir dans la prise en charge du paludisme
Grâce à cette méthodologie, il est désormais possible de cribler in vitro des médicaments pour leur effet anti-hypnozoïte, limitant ainsi le recours aux animaux. Le défi consiste à adapter cette technique au criblage d’un grand nombre de composés. En outre, la possibilité de cultiver des hypnozoïtes va enfin permettre aux scientifiques d’étudier cette forme parasitaire énigmatique décrite 100 ans après la découverte de l’agent du paludisme par Laveran en 1880.