Les variants omicron du
virus SARS-CoV-2 actuellement en circulation ont acquis de nouvelles mutations
dans le domaine de liaison au récepteur de la protéine Spike, ce qui se traduit
par une plus grande affinité de liaison aux récepteurs ACE2 présents à la
surface de nos cellules. Ces changements sont associés à une augmentation de
l’efficacité de la transmission et l’échappement aux anticorps neutralisants
préexistants. En Europe, le principal variant circulant BQ.1.1, dérivé de BA.5,
échappe à la plupart des traitements par anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2
disponibles. Certaines études récentes in
vitro suggèrent que le sotrovimab (Xevudy®), un anticorps monoclonal
humain qui se lie à la protéine Spike, conserve son activité contre les
sous-variants omicron. D’autres études en revanche reportent une diminution
drastique de l’inhibition, y compris sur BQ.1.1. In vivo, le sotrovimab protège de l’infection par le sous-variant
BQ.1.1 dans des modèles murin et hamster.
Dans ce contexte controversé et afin d'offrir de nouvelles possibilités aux cliniciens, des chercheurs du département IDMIT (UMRU1184/ImVa-HB), en collaboration avec l'Institut Pasteur et l'Unité des Virus Émergents d'Aix Marseille Université, ont évalué l'efficacité du sotrovimab en traitement prophylaxique dans un modèle primate non-humain bien caractérisé d'infection par le sous-variant BQ.1.1 du SARS-CoV-2. L'étude, menée selon un protocole expérimental déjà rapporté pour d'autres variants, a montré qu'un dosage du sotrovimab dans le sérum donnait des résultats similaires à ceux obtenus chez l'humain lors de l'essai clinique COMET-ICE, dont l'objectif était d'évaluer l'efficacité du sotrovimab contre des variants antérieurs du SARS-CoV-2. Chez les animaux traités, une quantification par RT-qPCR n'a pas permis de détecter d'ARN viral génomique, pourtant détectable chez les animaux témoins, prouvant l'efficacité du sotrovimab contre la réplication virale.
Alors que le sotrovimab a été retiré du panel thérapeutique en raison de sa faible efficacité in vitro contre les variants omicron, cette étude démontre qu'administré en traitement prophylactique par voie intraveineuse, le sotrovimab inhibe la réplication virale du sous-variant BQ.1.1 dans un modèle primate non-humain, à la fois dans les voies respiratoires supérieures et inférieures. Ces résultats, publiés dans Heliyon, confirment l'efficacité du sotrovimab dans la prévention de l'infection par le sous-variant BQ.1.1 du SARS-CoV-2 et soutiennent son utilisation chez l'humain en cas d'inégibilité au Nirmatrelvir-Ritonavir (Paxlovid®). D'autres études seront nécessaires pour évaluer son potentiel en tant que traitement contre le sous-variant BQ.1.1.