Pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les campagnes de vaccination se poursuivent de manière soutenue à travers le monde. Cependant l'apparition de nouveaux variants du virus SARS-CoV-2 complique l'enrayement de la propagation de la pandémie. La mise au point de nouveaux outils préventifs et thérapeutiques contre le virus et ses variants reste donc nécessaire et urgente, en particulier pour les personnes âgées à haut risque.
Les anticorps neutralisants monoclonaux1 (NAbs), isolés à partir de patients convalescents ayant contracté la Covid-19, constituent l'une des approches les plus prometteuses et deux traitements thérapeutiques à base d'anticorps monoclonaux ont déjà obtenu une autorisation temporaire d'utilisation contre la Covid-19. Bien que leur efficacité clinique n'ait pas encore été pleinement évaluée, leur capacité à réduire la charge virale est suffisamment prometteuse pour qu'une telle approche puisse être efficace si le traitement est administré suffisamment tôt.
C'est dans ce cadre de recherche que les chercheurs d'IDMIT en collaboration avec l'Université d'Amsterdam ont publié dans Nature Communications une nouvelle étude présentant les résultats prometteurs d'un anticorps monoclonal, COVA1-18.
Cet anticorps, testé sur trois modèles d'études précliniques, cible spécifiquement la protéine Spicule (S/Spike) située à la surface du virus SARS-CoV-2, neutralisant ainsi la capacité du virus à se fixer et à pénétrer dans les cellules.
L'administration de COVA1-18 dans des modèles rongeurs de la Covid-19, a permis de réduire fortement la charge virale au niveau des poumons des animaux infectés. Administré en prophylaxie pré-exposition (PrEP), chez le primate non-humain 24 heures avant exposition au virus SARS-CoV-2, COVA1-18 a été rapidement et efficacement distribué au niveau des sites d'infection (voies aériennes supérieures) et des organes affectés par la pathologie (poumons). Les primates non-humains infectés par le SARS-CoV-2 et pré-traités par COVA1-18 ont vu leur charge virale diminuée au cours du temps post-infection, et ont été préservés des lésions pulmonaires par rapport au groupe témoin.
Les chercheurs ont également développé un modèle d'analyse mathématique intégrant les données virologiques et immunologiques des primates non humains utilisés dans cette étude pour analyser l'impact du traitement de cet anticorps et déterminer la dose à administrer pour une efficacité maximale chez l'Homme. Ce modèle mathématique permet également de fournir une compréhension quantitative de la dynamique virale de l'infection par analyse des données collectées.
Des travaux publiés précédemment ont également montré l'efficacité de COVA1-18 contre le variant B.1.1.7 (variant britannique de la souche historique du virus SARS-CoV-2) mais plus faible contre les nouveaux variants. Il serait donc intéressant d'utiliser cet anticorps en « cocktail » avec un ou plusieurs autres anticorps.
Face à la diffusion rapide des variants à travers le monde, un accès rapide à un traitement revêt une importance fondamentale pour réduire la progression de la Covid-19 et la prise en charge des patients risquant de développer des formes graves. Toutes ces données font de COVA1-18 un candidat intéressant pour être évalué en essai clinique, en cocktail avec d'autres anticorps similaires, en traitement prophylactique ou thérapeutique de la Covid-19.
1 : Les anticorps sont les protéines de défense que le système immunitaire produit lorsqu'il est exposé à un micro-organisme infectieux (ou un vaccin).
Un anticorps neutralisant est un anticorps qui défend une cellule contre un agent pathogène ou une particule infectieuse en neutralisant ses effets biologiques. En se liant spécifiquement aux structures de surface (antigène) d'une particule infectieuse, les anticorps neutralisants empêchent la particule d'entrer en contact avec les cellules hôtes qu'elle pourrait infecter et détruire. Un anticorps est monoclonal lorsqu'il est produit à partir d'un clone de lymphocyte B qui reconnait un antigène spécifique.