Dans le cadre de la réponse mondiale à la pandémie de Covid-19, l'OMS a sollicité différents experts scientifiques, dont Roger Le Grand (IDMIT/CEA-Jacob), pour créer un groupe de travail international afin de favoriser le partage de données scientifiques, mutualiser les efforts dans le domaine de la R&D (Recherche & Développement) et accélérer la mise au point, la production et l'accès équitable à de nouveaux produits de diagnostic, de traitements et de vaccins contre la Covid-191.
Parmi les axes de réflexion, une des premières approches adoptées a été d'envisager la réutilisation des médicaments autorisés pour traiter la Covid-19. Parmi ceux testés, la chloroquine (CQ) et l'hydroxychloroquine (HCQ) ont été au cœur de nombreuses études in vitro et in vivo.
L'hydroxychloroquine (HCQ) et la chloroquine (CQ) sont toutes deux utilisées pour prévenir et traiter le paludisme dans les régions endémiques du monde. En raison de leurs propriétés anti-inflammatoires, elles sont également utilisées pour traiter des troubles auto-immuns tels que le lupus érythémateux et la polyarthrite rhumatoïde. Lors de l'épidémie de maladie du virus Ebola (EVD) en Afrique de l'Ouest, ces médicaments ont attiré l'attention des médias après que plusieurs rapports aient indiqué une association possible entre le traitement par la CQ et l'amélioration de la symptomatologie de l'EVD. Dans le cadre de la pandémie Covid-19, ces médicaments ont de nouveau été mis en avant en tant que thérapie possible contre le SARS-CoV-2 et plusieurs essais cliniques ont été réalisés ou sont en cours avec ces médicaments.
Dans l'article publié dans Nature Communications, les scientifiques mettent en avant de multiples études qui suggèrent que ces médicaments n'auraient jamais dû être considérés comme des traitements efficaces pour lutter contre la Covid-19. Ces études ont été pour certaines supervisées par les laboratoires dont dépendent ces experts. Les projets associés font état de différents modèles expérimentaux d'étude d'infection au SARS-Cov-2 parmi lesquels :
- Des organoïdes pulmonaires sur puce développés par l'Institut Wyss et commercialisés par Emulate,Inc., utilisés pour évaluer l'action de la CQ sur la réplication du virus ;
- Un modèle expérimental hamster, reconnu pour être plus sensible à l'infection que le modèle murin, utilisé pour tester l'effet de la HCQ seule ou en association avec l'azithromycine ;
- Un modèle primate non-humain d'infection développé par IDMIT et qui a permis de montrer l'absence d'efficacité antivirale en prophylactique ou en curatif de la HCQ.
Toutes ces études ont produit des résultats montrant que la chloroquine et l'hydroxychloroquine n'apporteront probablement pas de bénéfice clinique contre la Covid-19. Les auteurs de cet article préconisent donc de passer à l'étape supérieure et d'explorer de nouvelles options dans la stratégie de repositionnement et de traitements spécifiques dans la recherche de nouvelles molécules thérapeutiques.
1 : WHO : Public statement for collaboration on COVID-19 vaccine development