Pour cet édito, nous avons choisi de mettre un coup de projecteur sur l'activité de la DRF à partir des échantillons et des données obtenus grâce à la dernière mission Tara. Le CEA est en effet un partenaire historique de la Fondation Tara Ocean et de son programme international sur les écosystèmes marins. Sa dimension multidisciplinaire et partenariale, mêlant biologistes, océanographes, généticiens, informaticiens, etc., fait écho à notre approche pour répondre aux grands enjeux qui nous entourent, comme ceux de la planète.
Depuis les débuts de Tara Oceans en 2009, nos équipes des instituts Jacob, Joliot, Irig et LSCE mettent à disposition de ce programme ambitieux leurs compétences scientifiques et technologiques : séquençage à très haut débit des génomes ; bio-informatique ; analyses moléculaires, biologiques, isotopiques et écologiques, etc. Aujourd'hui encore, ils s'investissent pleinement dans l'expédition Tara Pacific qui a pour objet la plus grande étude des récifs coralliens jamais réalisée à une telle échelle, celle de l'océan Pacifique et des mers asiatiques.
L'enjeu de cette mission est fondamental : déterminer l'état de la biodiversité des récifs coralliens et leur résistance au changement climatique. Largement inexplorés, ils abritent pourtant 35% des espèces marines connues, des virus et bactéries aux poissons, en passant par le plancton. Rappelons que les différentes espèces planctoniques influencent le cycle du carbone et la régulation du climat, réalisant par exemple la moitié de la photosynthèse totale sur terre. La santé des récifs coralliens est donc cruciale, autant pour leur propre biodiversité que pour celle de la planète.
Une urgence qui n'a pas échappé à la prestigieuse revue Nature qui a publié le même jour les huit premiers articles scientifiques de Tara Pacific, associant à chaque fois des spécialistes de l'institut Jacob et du LSCE. Ces publications sont le fruit de la collecte et de l'analyse de 58 000 échantillons que les chercheurs ont par ailleurs minutieusement structurés en vue de les partager à la communauté scientifique. Une initiative de science ouverte à saluer afin d'accélérer la circulation des informations entre les chercheurs et multiplier les découvertes. A commencer par celles synthétisées dans l'un des articles de notre newsletter.
Saluons aussi l'originalité de cette étude, une grande première : combiner des données « omiques » avec des données environnementales, approche multidisciplinaire dont nos chercheurs ont une expertise mondialement reconnue. Et quelle prouesse que de parvenir à étudier les marqueurs de stress et la taille des télomères des populations si diverses des récifs coralliens ; et de les corréler aux résultats issus des analyses isotopiques et biochimiques des eaux ! On découvre alors que certains types de coraux sont très vulnérables aux changements thermiques alors que d'autres s'avèrent résilients à ce jour..
La contribution de la DRF au programme Tara Pacific est ainsi emblématique de sa dynamique et de ses apports aux grands enjeux de connaissance, de technologie et de société.
Elsa Cortijo, Directrice de la Recherche fondamentale