Bérengère Dubrulle explore la turbulence dans les fluides et étudie ses applications en astrophysique et en géophysique pour comprendre la formation du système solaire ou les changements climatiques brutaux. Après son entrée au CNRS en 1991, elle travaille à l'Institut de recherches météorologiques de Tsukuba (Japon) puis elle commence à étudier l'intermittence en turbulence à partir de 1994. En 2001, elle rejoint le Service de physique de l'état condensé (à l'Iramis) comme directrice de recherche pour travailler sur les explications théoriques et expérimentales de phénomènes astrophysiques et géophysiques.
Entre autres travaux importants, depuis 2015, Bérengère Dubrulle a très largement contribué à l'ouverture d'un nouveau champ de recherches, en étudiant la dissipation inertielle dans les systèmes expérimentaux turbulents. Son équipe a ainsi mis en évidence, dans ces systèmes, des transferts d'énergie non visqueux qui sont significatifs. Ces transferts ne sont pris en compte ni dans les simulations numériques classiques, ni dans les modèles de turbulence usuels. Ses recherches actuelles portent sur l'explication de ces transferts et sur la mise en place d'un modèle de turbulence compatible avec ceux-ci, ainsi que sur des applications en mécanique des fluides ou en simulation du climat.
Au-delà des apports de ses travaux sur la turbulence, elle contribue au partage des savoirs en physique en tant que directrice de l'École de physique des Houches depuis 2020. Bérengère Dubrulle s'implique également dans la transmission de la physique auprès du grand public en participant à de nombreuses actions de médiation scientifique. En particulier, elle est co-autrice, avec la climatologue du CEA Valérie Masson-Delmotte, du livre Le Climat : de nos ancêtres à vos enfants qui sensibilise les plus jeunes au changement climatique.
Elle a été distinguée à de nombreuses reprises :
- médaille de bronze du CNRS en 1993 ;
- Grand prix Madame Victor Noury de l'Académie des sciences en 2008 ;
- médaille d'argent du CNRS en 2017 ;
- médaille Lewis Fry Richardson de l'Union européenne de géophysique (European Geophysical Union) en 2021.
Décerné par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation avec le soutien de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies, le prix Irène Joliot-Curie vise à promouvoir la place des femmes dans la recherche et la technologie en France.
Sur la place des femmes en sciences, on part de loin ! Ni Marie Curie, ni Irène Joliot-Curie, bien que toutes deux récipiendaires d'un prix Nobel, n'ont été admises à l'Académie des sciences. Il reste encore des progrès à faire, même si le CEA et le CNRS œuvrent maintenant à rendre la place des femmes beaucoup plus visibles en science. Le prix Joliot-Curie est exemplaire, en ce sens qu'il permet lui aussi de mettre en avant les femmes scientifiques et de susciter ainsi des vocations. J'en suis un bon exemple : ma vocation est née lorsque j'avais 8 ans, en découvrant dans un livre d'histoire des images de Marie Curie en train de travailler. Nous avons besoin de modèles féminins en science pour que les jeunes filles d'aujourd'hui puissent s'y identifier et se lancer à leur tour dans une carrière scientifique.