Les chercheurs ont sélectionné les sols sous prairies restés stables depuis les années 1960 – sans érosion, ni accumulation – et représentatifs de la variabilité des précipitations observées en France et dans des pays voisins (Suisse, Italie, Allemagne, Belgique).
Ils ont ensuite analysé les isotopes du césium et du plutonium présents dans les échantillons des sols retenus. En s'appuyant sur les rapports isotopiques de ces éléments, ils ont pu distinguer les dépôts imputables aux essais nucléaires atmosphériques des années 1960 et ceux issus des rejets de l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986.
Retrouvé en très faible quantité, le plutonium provient exclusivement des essais nucléaires et est donc utilisé comme traceur de l'origine du césium.
Selon l'analyse des chercheurs, le césium des essais nucléaires a été relâché dans la stratosphère où il a été rapidement homogénéisé et a ensuite été rabattu au sol par les pluies. Il s'est donc déposé le plus dans les régions à fortes précipitations comme le Massif Central, les Ardennes ou la Bretagne.
En revanche, le césium libéré par l'accident de Tchernobyl n'a pas atteint de telles altitudes. Les pluies de fin avril à début mai 1986 l'ont rapidement déposé au sol dans les régions traversées par le panache issu d'Ukraine. La répartition spatiale de ces retombées radioactives est ainsi beaucoup plus hétérogène que celle des essais nucléaires, avec des concentrations plus élevées en Alsace, en Franche-Comté et sur les contreforts des Alpes, au nord de l'Italie ainsi qu'au sud de l'Allemagne.
Grâce à des simulations reposant sur ces observations, les chercheurs ont reconstruit une carte très précise des dépôts en césium et plutonium reçus par les sols.
Ces données à la disposition de la communauté scientifique et du public permettront en particulier de reconstruire les taux d'érosion des sols depuis les années 1960 dans des régions d'Europe marquées par d'importantes modifications des paysages.
Consulter les cartes.
Regardez la vidéo d'Olivier Evrard, du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) présente les résultats de l'étude internationale sur la modélisation de l'évolution des sols d'Europe depuis les années 1960 :