Les observations dans l'infrarouge lointain et le submillimétrique du satellite Herschel avaient permis de découvrir que, dans le voisinage du Soleil, les étoiles naissent dans des filaments de gaz froid (à 10 K), d'environ 0,3 année-lumière de largeur, dès lors que la densité du filament atteint cinq fois la masse du Soleil sur une longueur d'une année-lumière.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont utilisé le grand interféromètre Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) et la caméra ArTéMiS sur le radiotélescope Apex (Atacama Pathfinder EXperiment), situés au Chili. Ils ont choisi d'étudier une région de formation stellaire parmi les plus actives de la Voie lactée, située à environ 5500 années-lumière : la nébuleuse de la Patte de chat.
Ils observent que les étoiles sont, là aussi, formées par fragmentation de filaments de matière. Ceux-ci sont un peu plus larges (0,5 année-lumière) mais surtout, près de vingt fois plus denses (300 masses solaires le long d'une année-lumière). Résultat : les masses des condensations proto-stellaires, et donc des étoiles, sont dix fois plus massives que dans le voisinage solaire !
Cette étude renforce l'idée que la formation des étoiles à partir de filaments de matière est peut-être universelle. Mais si la masse des étoiles est en partie « héritée » des filaments interstellaires, qu'en est-il des filaments eux-mêmes ?
Les chercheurs soupçonnent que le champ magnétique et l'organisation des lignes de champ à l'intérieur des filaments jouent un rôle crucial. Un instrument du projet Spica (Space Infrared telescope for Cosmology and Astrophysics) proposé comme mission de l'ESA devrait permettre de tester cette hypothèse à l'avenir.