La fission nucléaire s'accompagne de l'émission de neutrinos. Or les mesures réalisées à proximité des réacteurs révèlent un déficit inattendu de ces particules qui pourrait s'expliquer en théorie par l'existence d'une 4e famille de neutrinos, dits stériles.
L'expérience Stereo (Sterile reactor oscillation), implantée à proximité immédiate du réacteur de recherche de l'Institut Laue-Langevin (Grenoble), vise à tester directement l'existence de ce 4e neutrino.
Deux campagnes, avec 233 jours de réacteur à pleine puissance, ont permis de détecter environ 86.000 neutrinos dans six cellules de détection identiques, disposées en enfilade. Aucune variation significative des signaux détectés n'a été observée d'une cellule à l'autre. Les résultats de Stereo sont en parfait accord avec le modèle classique, exempt de 4e neutrino, et permettent de rejeter l'hypothèse d'un 4e neutrino dans une grande partie du domaine expérimental ciblé par la théorie.
Le taux de particules produites, ainsi que leur spectre d'énergie, ont également été mesurés pour la première fois de manière absolue, grâce à un contrôle complet rigoureux de toutes les sources d'incertitudes. Combinés avec ceux des autres expériences, ils conduisent à une précision jamais atteinte sur l'estimation de « l'anomalie des neutrinos de réacteurs ».
Deux autres campagnes Stereo, programmées en 2019 et 2020, devraient suffire à sonder la région encore inexplorée.