La thérapie génique est un espoir pour beaucoup de malades atteints de maladies génétiques. Elle consiste à pallier un gène déficient ou absent par l’introduction d’un gène sain substitutif dans l’ADN même des cellules, afin que l’organisme produise de façon autonome les protéines saines dont il a besoin. Des chercheurs du CEA-Jacob ont déjà mis au point ce type de traitement, en particulier pour certaines maladies du sang comme la
bêta-thalassémie ou la
drépanocytose. Ils poursuivent leurs recherches, notamment pour optimiser les études sur les modèles animaux.
Dans ce cadre, les scientifiques travaillent sur l’amélioration des vecteurs thérapeutiques, porteurs des gènes sains de l’éprouvette jusqu’au cœur même des cellules. Les vecteurs de type lentiviraux sont dérivés du virus de l’immunodéficience humaine de type 1, VIH-1, qui a été désactivé. Ils sont très efficaces pour modifier les cellules humaines du sang (hématopoïétiques). Par ailleurs, les macaques cynomolgus (Macaca fascicularis) de l’île Maurice sont particulièrement appropriés pour les études précliniques car ils présentent une faible diversité génétique ce qui atténue la variabilité de la réponse à l’infection par le virus de l’immunodéficience simienne (SIV), par exemple. Toutefois, la modification des cellules simiennes par des vecteurs dérivés du VIH-1 est inefficace en raison de facteurs de restriction spécifiques à la capside virale, une « coquille » qui entoure le génome du virus.
Les chercheurs du CEA-Jacob sont parvenus à modifier certains acides aminés de la capside du lentivirus dérivé du VIH par ceux de la capside du SIV. Ils ont montré que cette modification permet d’augmenter l’efficacité d’introduction du matériel génétique dans l’ensemble des cellules hématopoïétiques simiennes testées (par un facteur allant jusqu’à 10 fois). Cet effet est observé sur les cellules souches hématopoïétiques, les cellules progénitrices et les lymphocytes T, indépendamment de la structure du vecteur et/ou de la méthode de purification.
Ces résultats permettent d’envisager l’utilisation du macaque cynomolgus mauricien comme modèle d’étude pré-clinique pour le développement de nouveaux produits de thérapie génique.