En dessous d'une certaine température, un liquide peut se solidifier en se transformant en cristal ou bien devenir de plus en plus visqueux jusqu'à former un verre. Or les verres sont aussi rigides que les cristaux et pourtant, leur organisation spatiale ne semble présenter aucune sorte d'ordre. Existe-t-il un « ordre caché » dans les verres ? Ce débat est très difficile à trancher expérimentalement. En effet, selon les théoriciens, il faut un temps de l'ordre de l'âge de l'Univers pour que cet ordre s'établisse sur un domaine de la taille de dix diamètres moléculaires.
Des physiciens ont eu l'idée de contourner cette difficulté en exploitant une propriété générale des phénomènes « critiques » liés aux transitions de phase, comme la transformation liquide – solide. L'émergence d'un ordre lors d'une transition de phase s'accompagne toujours de la divergence de la réponse du matériau à une sollicitation extérieure comme un champ électrique. En mesurant la réponse non linéaire (aux ordres 3 et 5) d'un matériau vitreux en fonction de la température et de la fréquence du champ électrique appliqué, les physiciens ont pu mettre en évidence la transition recherchée. L'ordre découvert a été qualifié paradoxalement de « structurellement amorphe ».
Ces résultats invalident certaines approches décrivant les verres comme de simples liquides ultra-visqueux. Plusieurs théories restent cependant en lice pour expliquer l'origine profonde de la transition vitreuse. Les chercheurs vont s'employer désormais à les tester, grâce à de nouvelles expériences d'un tout nouveau type.
Ces travaux ont été conduits en collaboration avec l'IPhT, l'École normale supérieure (Paris), la société CFM et l'Université d'Augsbourg (Allemagne).
Ces travaux ont fait l'objet d'un communiqué de presse