L’épigénétique est une nouvelle branche de la biologie qui s’intéresse entre autre aux changements d’expression des gènes transmissibles au cours des divisions cellulaires, parfois sur des générations, indépendamment de tout changement de la séquence ADN. Des chercheurs du CNRS et de l’INRA ont créé il y a plusieurs années une population unique de lignées dites « epiRILs » (epigenetic recombinant inbred lines) chez la plante modèle Arabidopsis. Ces lignées possèdent toutes le même génome ou presque, mais présentent de très nombreuses différences d’ordre épigénétique tout au long de celui-ci. Ces différences s’expriment par des groupements méthyls qui peuvent se greffer sur l’ADN. Ces groupements se superposent au code génétique sans le transformer, mais changent la structure des brins d’ADN et donc l’expression des gènes.
Ces biologistes, en association avec des chercheurs de l’Inserm et du Génoscope, apportent aujourd’hui la preuve qu’un petit nombre des variations épigénétiques entre lignées sont à elles seules responsables de plus de 90% des différences héritables pour deux caractères complexes, la date de floraison et la taille de la racine primaire. De plus, les chercheurs montrent que certaines de ces variations épigénétiques sont également retrouvées dans les populations naturelles d’Arabidopsis.
Ces observations remettent en cause le dogme selon lequel les différences génétiques entre individus sont à rechercher dans la seule séquence de leur génome. Elles apportent ainsi un possible élément de réponse au problème de « l’héritabilité manquante ». En effet, beaucoup d’analyses de génétique humaine ne rendent compte aujourd'hui que d’une faible partie de l’héritabilité observée pour des maladies1 ou des caractères complexes.
- C’est notamment le cas de la sclérose en plaques et de la maladie de Crohn