Le Genoscope, à Evry, et le laboratoire d’Ecologie alpine du CNRS, à Grenoble, ont travaillé de concert pour mettre au point une méthode inédite qui reconstitue l’Histoire de la flore à partir d’ADN libre prélevé dans des sédiments. Cette technique a été mise en œuvre en Arctique, où 242 carottages ont été effectués, notamment dans des sédiments remontant à la dernière période glaciaire1.
« Grâce à l’amplification et au séquençage de l’ADN prélevé, nous avons pu reconstituer l’Histoire de la flore des 50 000 dernières années, explique Patrick Wincker. En parallèle, des prélèvements intestinaux de mammouths et de rhinocéros laineux préservés dans la glace ont permis de déterminer leur régime alimentaire. » Les chercheurs ont ainsi montré une grande diversité de la flore lors de la dernière période glaciaire, avec une prédominance de plantes non-graminées, contrairement à ce qui était admis par la communauté scientifique. L’analyse des intestins des grands herbivores corroborent ce résultat. « Au pic de glaciation, soit il y a 20 000 ans, cette diversité a brutalement décliné, poursuit le biologiste. Il s’avère que 10 000 ans plus tard, la tundra de l’Arctique s’était transformée, alors dominée par des plantes ligneuses et des herbes graminées. » Ces résultats laissent penser que les mammouths et les rhinocéros laineux ont eu beaucoup de difficultés à s’adapter au nouveau régime alimentaire qui leur était imposé, ce qui a possiblement participé à leur extinction.
- De 120 000 ans à 10 000 ans avant notre ère.